Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 108.djvu/939

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

inviter à suivre d’âge en âge l’évolution de la chandelle ou des chandeliers. La lecture du livre de M. d’Allemagne éclairera beaucoup le grand public, et, en raison du nombre et de la nature des documens qu’il y a patiemment rassemblés, les historiens eux-mêmes y trouveront des lumières.

Ils en trouveront moins, mais ils en trouveront peut-être quelques-unes encore, et les dames en trouveront beaucoup dans la lecture du livre de Mme de Villermont : Histoire de la coiffure féminine, ouvrage orné d’une chromolithographie, de nombreuses planches hors texte et de cinq cent soixante-dix gravures dans le texte[1]. « Il y a, nous dit l’auteur, une philosophie dans l’histoire du costume et la coiffure en est le résumé. » Nous le voulons bien, quoique sans doute si l’auteur eût écrit une Histoire de la chaussure, il n’y aurait qu’un mot à changer dans sa phrase, et elle serait également vraie, ce qui veut dire également fausse. M. Arsène Alexandre nous avait parlé, lui, de la Physiologie du meuble ! Sans appuyer autrement sur cette inoffensive critique, le livre de Mme de Villermont, avec les nombreuses gravures dont nous avons dit qu’il était illustré, curieux à feuilleter, ne l’est pas moins à lire, étant riche d’anecdotes et de renseignemens de toute sorte. On ne croirait certainement pas avant de l’avoir lu que les femmes eussent inventé tant de façons d’arranger leurs cheveux ni de se mettre sur la tête tant et de si singulières coiffures : bonnet à la candeur, pouf à la saporité, turbans à la Péruvienne et chapeaux à l’Ipsiboë. C’est dommage, en vérité, que le livre s’arrête à la date de 1830 ; et un ou deux chapitres de plus, qui ne l’auraient pas beaucoup grossi, ne l’auraient pas non plus déparé.

Étudier ou raconter le passé selon l’ordre des temps, c’est de l’histoire : le raconter ou le décrire au hasard des lieux que l’on traverse, c’est déjà de la géographie. Dans son beau livre : Autour de Paris[2], illustré de cinq cents dessins d’après nature par M. G. Fraipont, M. Louis Barron a fait œuvre à la fois d’historien, de géographe, — et de paysagiste. Rien qu’en le feuilletant, plus d’un Parisien se répétera que, décidément, ce que nous connaissons le moins, c’est ce qui nous touche de plus près, et, s’il veut s’en rendre tout à fait convaincu, il lira le texte de M. Louis Barron. Nous avions déjà plusieurs fois signalé, dans les Fleuves de France[3], du même auteur, un art très personnel de renouveler des descriptions tant de fois faites, et, pour ainsi parler, de faire lui-même dans le connu de véritables découvertes. Dans ce voyage d’exploration de la grande banlieue de Paris, il n’a pas

  1. 1 vol. in-4o H. Laurens.
  2. 1 vol. in-4o ; May et Motteroz.
  3. 4 vol. in-8o ; H. Laurens.