occuper Bhamo et ses environs, et que, tout récemment encore, des Chinois en étaient maîtres. Les Anglais, dans leurs documens officiels, faisaient toutes réserves sur le premier de ces droits, admettaient, en revanche, que le second était plus « substantiel. » Néanmoins dans la pratique ils n’hésitèrent pas à reconnaître le premier et à nier le second. Ils s’emparèrent de Bhamo, à qui ils attribuaient une importance capitale. Mais, afin de calmer les susceptibilités de la Chine, ils lui concédèrent une apparence de suzeraineté.
« Si, écrivait lord Dufferin, le secrétaire pour les affaires étrangères ne voit pas d’objections à cette procédure, le gouvernement de l’Inde ne peut de son côté en avoir aucune à ce que son représentant en Birmanie confirme la pratique actuelle d’un échange amical de présens (voyez l’euphémisme) avec le gouverneur du Yunnan, dans les conditions qui pourront sembler convenables. Toutefois, il faudrait méditer avec soin le libellé de l’arrangement à intervenir. » Cet arrangement fut le traité de juillet 1887. L’article 1er stipulait que, « en tant que ça a été la pratique de la Birmanie d’envoyer en Chine tous les dix ans des missions chargées de présens de produits du pays, l’Angleterre convient que le plus haut fonctionnaire de Birmanie enverra les missions décennales accoutumées, les envoyés devant être de race birmane. » Moyennant cette concession, — que d’autres pays auraient eu avantage à imiter, — la Chine convenait, dans l’article 2, que l’Angleterre serait, à tous égards, libre de ses actes.
Telle fut la conduite suivie par l’Angleterre, au lendemain de l’occupation, à l’égard des populations birmanes, des autorités religieuses et politiques du pays, enfin des puissances voisines qui pouvaient avoir quelque influence sur la politique intérieure de sa nouvelle possession. Cette conduite, malgré des erreurs de détail et des fautes dues le plus souvent à l’insuffisance de certains agens d’exécution, fut remarquablement conçue pour produire le résultat cherché, c’est-à-dire l’apaisement des esprits. Toutefois, tant de prudence et d’ingéniosité pouvait demeurer entièrement inutile si l’on ne réussissait à remplir celle de toutes les conditions sur laquelle les vaincus se montrent particulièrement exigeans, si on ne leur donnait un régime politique à leur convenance.
Une fois la conquête terminée, une fois prise la décision de maintenir la Haute-Birmanie sous l’influence anglaise, il n’y avait pas, en effet, à résoudre de problème plus grave que celui-ci : Quel allait