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appui du dictateur, paraissait elle-même ébranlée et peu sûre. La marine particulièrement, et ses chefs, ne cachaient pas leurs sentimens d’hostilité contre le nouveau régime. Il y avait, en un mot, tous les élémens d’une révolution nouvelle. Qu’est-il arrivé ? La marine a fait, sans plus attendre, son pronunciamiento, avec l’appui d’une partie de la population de Rio, et sans rencontrer une résistance bien sérieuse dans l’armée de terre. On s’est fort peu battu. Devant cette manifestation, le général Deodoro da Fonseca n’a trouvé rien de mieux que d’abdiquer le pouvoir, et on s’est hâté de lui donner pour successeur le vice-président de la république, le général Floriano Peixoto. La dictature de M. Deodoro da Fonseca avait duré dix-huit jours : elle a disparu sans éclat, ne laissant d’autre souvenir que celui d’un coup d’État, qui n’était peut-être qu’une affaire financière.

Comment tout cela va-t-il finir, maintenant ? Sans doute, le nouveau président, le général Floriano Peixoto s’est hâté de rappeler le congrès, de lever l’état de siège, de rétablir toutes les libertés supprimées, et à la nouvelle de ces évênemens, l’insurrection de Rio-Grande de Sul paraît avoir déposé les armes. C’est une chance de moins de guerre civile. Peut-être cependant serait-ce une singulière illusion de croire que tout est fini, que cette intervention nouvelle de la force pour rétablir une légalité bien équivoque elle-même, suffit pour assurer un ordre régulier et une longue paix au Brésil.


CH. DE MAZADE.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Le grand mouvement de réaction qui s’est produit au cours de novembre sur les places européennes et a sévi principalement sur les fonds d’États internationaux, a été le triomphe passager d’un parti puissant de baissiers qui, à Berlin, à Paris même et à Londres, guettait depuis quelque temps l’occasion d’un coup sérieux, et l’a trouvée dans les circonstances où était lancé le dernier emprunt russe.

Qu’on se reporte un instant à la situation des marchés au commencement d’octobre. La rente française valait 96 francs, les 4 pour 100 russes or 96 à 97 francs, l’emprunt d’Orient 72, le rouble 215 ;