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Que le fil qui avertit au loin[1] ne puisse communiquer aucune nouvelle,

Que tous les ponts métalliques soient détruits,

Et qu’on cesse de craindre les solides bateaux armés de fusils à tir rapide.

Lorsque la patrie aura reconquis la paix, tous ceux qui auront exercé un commandement recevront un brevet du roi[2].

Que les deux parties du royaume[3] entendent notre avertissement.

Du vingtième jour du troisième mois de la sixième année de Ham-Nghi[4]. »


Ces proclamations sont affichées sur les places publiques et recopiées par les principaux habitans qui doivent en posséder chacun un exemplaire. Elles sont, pour la plupart, l’œuvre d’érudits et rédigées dans un style relevé : n’oublions pas qu’elles s’adressent à des populations parmi lesquelles les lettrés sont en très grand honneur.

A titre documentaire, nous croyons intéressant de faire suivre la traduction qui précède, de celle d’une proclamation des pirates chinois, datée du mois de février 1891 et qui a été lancée à la suite du désastre de Cho-Bo. On y verra que les auteurs de cette proclamation ne craignent pas, pour amoindrir notre prestige et pour nous noircir dans l’esprit des populations, d’appeler à leur aide les armes dont les Orientaux excellent tant à se servir : la fourberie, la duplicité, le mensonge, l’invitation à la défection et à la rébellion ; en un mot, les « cent calomnies, » pour employer l’expression annamite :


Proclamation des Chinois aux mandarins et aux hommes du peuple de l’Annam.

L’empire d’Annam était un royaume tributaire de la Chine jusqu’en la dixième année de Quang-Tu[5].

À cette époque, ce royaume est tombé dans l’adversité. Le roi d’Annam étant mort, les mauvais sujets prirent la direction des affaires du royaume ; ils vendirent le gouvernement pour avoir des honneurs ; ne surent pas défendre la ville d’Hanoi, ce qui entraîna la chute successive des autres provinces.

  1. Le télégraphe.
  2. Leur nom inscrit sur une palette en bambou et sur un morceau de soie donnés par le « roi. »
  3. Le Tonkin et l’Annam.
  4. 8 mai 1890.
  5. Un empereur de Chine.