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donné de moins intéressans résultats. Les positions de bataille des états-majors ou leurs cantonnemens étaient à peine établis que des fils télégraphiques ou téléphoniques, posés tantôt sur le sol, tantôt sur les arbres des routes, les reliaient aussitôt avec une étonnante rapidité. C’était l’affaire à peine de quelques minutes d’un travail discret et silencieux. Les appareils téléphoniques sont particulièrement bien conçus : rien qu’une petite boîte avec un parleur, deux écouteurs et un appel-chien, puis le fil bi-métallique Charolois de 6 dixièmes de millimètre de diamètre, recouvert d’une pellicule de cuivre par étirage, sans gaine de coton, et dont la conductibilité est telle qu’il suffisait de le poser par terre, dans l’herbe, parfois de l’enterrer sans autres précautions. Une brigade a pu rester ainsi tout un jour en communication téléphonique constante avec ses flanqueurs. À noter, en ce qui concerne le service télégraphique dont l’importance est apparue au grand jour pendant les manœuvres de l’Est, qu’il recevrait une impulsion encore plus grande de la création, depuis si longtemps réclamée, d’un corps spécial de télégraphie militaire qui serait rattaché au génie.

La technique de l’aérostation militaire ne s’est pas moins perfectionnée depuis quelques années que celle de la télégraphie et de la téléphonie. Le parc aérostatique, qui a été successivement attaché à chacune des deux armées, était divisé en deux échelons. Le premier comprend les ballons, les voitures à tubes qui permettent de donner aux aérostats la mobilité même des troupes en marche, et un approvisionnement de gaz correspondant à trois gonflemens ; le second échelon constitue une petite usine volante destinée à fabriquer le gaz sur les derrières de l’armée, à le comprimer dans des réservoirs et à renouveler ainsi l’approvisionnement des munitions aréostatiques au fur et à mesure de leur consommation. L’opération du gonflement dure à peine de 45 à 20 minutes. Une fois le ballon gonflé et pourvu de sa nacelle, il est attaché au câble, enroulé sur le tambour de la voiture-treuil, qui permet de le traîner en tout lieu et à toutes les allures. D’ordinaire, la position choisie est la plus proche du général en chef, la voiture-treuil restant abritée derrière un pli de terrain, afin que l’ennemi n’ait d’autre point de repère qu’un point isolé dans l’espace. À la bataille de Colombey, le général de Galliffet a pu rester près de trois heures dans le ballon, suivant à la fois en face de lui le mouvement du 5e corps contre Lignol, et les opérations du 6e corps à Bois-Cornet, donnant par téléphone tous ses ordres que le télégraphe transmettait aussitôt aux états-majors des troupes engagées.

Les services annexes des postes et de la trésorerie ont fonc-