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l’honneur du duc d’Orléans, rappelons une facétie chamberlane, fête de chambre, de salon, ainsi nommée par opposition sans doute aux fêtes données en public, qui eut lieu au mois d’avril 1766. Voici d’abord une ode dramatique, poème de son invention, où il introduit des personnages qui, en parlant, se peignent eux-mêmes, dessinent leurs caractères par des traits qui leur échappent, ainsi qu’il arrive dans les comédies.


LES DIFFÉREXS ÉTATS

Ode dramatique.

EXPOSITION DU SUJET.
Les temps prédits par la folie,
Marqués par le dieu des travers,
Sont arrivés. Que l’on publie
Qu’on ne va plus parler qu’en vers.
Le bénéficier, la bourgeoise,
La princesse et la villageoise,
Le petit duc fat et galant,
Malborough, Bourvalais, Érasme,
Vont lutter en enthousiasme,
Et tous vont rimer en parlant.
…….
LE GÉNÉRAL D’ARMÉE.
Je suis le rival du tonnerre ;
Je ne connais de Dieu que Mars.
Grands rois, faites toujours la guerre,
Mais sans pitié, mais sans égards ;
Rappelez-vous cet apophthegme
Qu’un grand prince dit avec flegme
Au milieu du sang et des cris :
Au champ de bataille où nous sommes,
Que perdons-nous ? douze mille hommes ?
Ce n’est qu’une nuit de Paris.
LE FERMIER-GÉNÉRAL.
Ce commis n’est point assez ferme :
Ses recouvremens sont manques.
Messieurs, pour le bien de la ferme,
Je crois que vous le révoquez.
Tant mieux : qu’on installe à sa place
Quelqu’un qui n’ait jamais fait grâce,
Qui ne dorme ni jour ni nuit,
Et dont l’activité vorace
D’autre chose ne s’embarrasse
Que de centupler nos produits.
……….