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Société, et sur l’annonce de la démission du président, M. Cecil Rhodes, premier ministre au Cap. Les dernières péripéties de la guerre civile au Chili ont été suivies avec intérêt par les spéculateurs qui s’occupent des cours du cuivre et des actions de Rio-Tinto. L’acharnement des combats que viennent de se livrer congressistes et balmacédistes, et qui se sont terminés par l’entrée des premiers à Valparaiso et à Santiago, a fait penser que cette longue lutte touchait à son terme, et que bientôt le Chili serait en état de reprendre ses expéditions de cuivre en Europe, d’où élévation probable du stock et abaissement du prix de la tonne. Des ventes de Rio-Tinto ont été le résultat de ces calculs, mais la logique a rarement le dernier mot à la Bourse.

L’Italien, après une période d’amélioration où il a été porté de 90 à 90.70, a reculé à 90.20 sous le coup d’un article du Times ou la situation économique du royaume est présentée sous le jour le plus sombre : système de banques absolument défectueux, circulation monétaire insuffisante et mal réglée, pays appauvri sous toutes les formes, crise immobilière toujours aussi intense, rendement des impôts en décroissance continue, économies illusoires décrétées par un ministère dont on attendait le relèvement financier et qui n’a tenu aucune de ses promesses, tel serait, en quelques traits saillans, l’état présent, au point de vue de ses ressources et de sa vitalité économique, du troisième membre de la triple alliance.

On a tenté, après la liquidation de quinzaine, un mouvement de reprise sur les fonds portugais et espagnols. Le 3 pour 100 portugais a été porté à 41, l’Extérieure à 72. En même temps on annonçait que la Banque de Paris avait entrepris de remettre sur pied la Compagnie royale des chemins de fer portugais, ce qui avait déterminé des rachats d’actions jusqu’à 155 et d’obligations 4 pour 100 jusqu’à 255. Tous ces cours n’ont pu être soutenus ; la rente du Portugal est redescendue à 39, l’action des chemins à 145 et l’obligation 4 pour 100 à 240. La Compagnie des Chemins portugais a signé, entre temps, avec le Nord de l’Espagne un contrat aux termes duquel elle cède à cette dernière société les lignes du Cacérès et de l’Ouest de l’Espagne et se délivre de ses engagemens à l’égard des porteurs de titres de ces compagnies par le paiement d’une annuité de 900,000 francs au Nord de l’Espagne. Ces accords devront être ratifiés par les parties intéressées, d’autant qu’ils impliquent pour les obligataires du Cacérès et de l’Ouest de l’Espagne le sacrifice de 30 à 50 pour 100 du montant des intérêts de leurs titres.

Le marché des grandes valeurs françaises, établissemens de crédit, actions des grandes compagnies, valeurs industrielles, a été très inactif. La fermeté est restée le trait dominant. La persistance de très belles recettes a relevé le Suez à 2,800.


Le directeur-gérant : CH. BULOZ.