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considérables, qui correspondent à l’état du marché et des affaires en général dans tout l’empire.

Il est difficile d’avoir des renseignemens statistiques sur la portée de la concurrence faite à la Banque d’Allemagne. On constate par exemple que les succursales d’Alsace-Lorraine ont escompté en 1888 86,935 effets pour un montant de 168,362,200 marks, et qu’elles ont encaissé 33,985 effets pour 7,631,300 marks, tandis que cinq grandes banques privées ont eu un mouvement de 1,371,502 effets représentant 735,881,300 marks ; il est vrai que dans ce total entrent les traites sur l’étranger. M. de Lumm évalue à 40 pour 100 la proportion d’effets non bancables à la Banque d’Allemagne, et qui auraient été pris par les établissemens privés, qui travaillent avec un capital versé de 26 millions de marks, et à côté desquels on compte encore soixante-sept banques ou banquiers de moindre importance.

Malgré la séparation violente de la mère patrie, les relations entre les banquiers et le public d’une part et la France ont continué à être fort intimes. Lorsque le taux de l’argent est avantageux à Paris, c’est là que beaucoup d’effets, tirés en francs et domiciliés à Paris ou sur une autre place française, viennent se faire escompter.

Le montant moyen des effets escomptés par la Banque d’Allemagne à Strasbourg est supérieure celui des banques particulières, dans le rapport d’un à quatre environ.

On est très fier en Allemagne du développement qu’ont pris les opérations de comptes courans, de chèques, de viremens, de la Banque impériale. Celle-ci a couvert le pays d’un véritable réseau dans les mailles duquel elle saisit les disponibilités liquides, les concentre dans ses caisses, les faisant servir à un roulement continu de transferts et économisant de la sorte aussi bien la monnaie métallique que ses propres billets. La circulation fiduciaire, au-delà d’une limite arrêtée une fois pour toutes, non couverte par les fonds métalliques, est assujettie à une taxe de 5 pour 100 l’an : la Banque, en temps normal, avec l’escompte au-dessous de 5 pour 100, cherche à échapper à la nécessité d’accroître sa circulation de banknotes, et c’est pour cela qu’elle a eu tout intérêt à favoriser l’ouverture des comptes courans et l’usage des chèques[1].

  1. Pour obtenir l’ouverture d’un compte courant, il suffit d’adresser une demande régulière sur laquelle la direction délibère et à la suite de laquelle le titulaire reçoit, outre les formulaires nécessaires, un carnet destiné à contenir le relevé des sommes reçues ou versées ainsi que l’inscription des crédits obtenus par l’escompte ou l’encaissement des effets. La Banque accepte les versemens en espèces de personnes non titulaires de comptes courans au profit d’un compte courant.