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encore sous le régime du code de commerce, les succursales furent autorisées à escompter non pas seulement les lettres de change, mais encore les billets à ordre et les mandats non acceptables. Les lettres de change, libellées en thalers, purent être acquittées en francs (pièces d’or et d’argent) : cette faculté ne s’étendait pas aux billets de la Banque de France, qui subissaient une perte. La monnaie divisionnaire n’était reçue obligatoirement que jusqu’à 50 francs, les sous jusqu’à 1 franc.

Au commencement, les succursales se bornèrent à l’achat d’effets sur Londres, Amsterdam et Bruxelles ; le cours forcé existant en Russie et en Autriche faisait exclure les roubles et les florins, de même on ne prit le papier sur Paris, Lyon et d’autres places qu’à dater du mois de septembre 1871, alors que le cours forcé avait été aboli en Alsace-Lorraine et sur la demande des notables commerçans de Mulhouse. La Banque de Prusse autorisa l’achat d’effets sur la France, en prenant pour base le change officiel de la Bourse de Berlin. Tant que le cours du Paris court resta au-dessous de 79, on fit assez peu usage de cette faculté.

Animée du désir de se concilier les sympathies commerciales et d’établir des relations suivies entre l’Allemagne et les provinces conquises, la Banque de Prusse s’efforça de se montrer libérale dans les crédits, et, à condition que les signatures fussent bonnes, de dépasser les montans que la Banque de France avait accordés à ses présentateurs. On essaya la même politique bienveillante en ce qui concernait les avances : afin de ne pas rendre cette bienveillance nominale, à défaut de valeurs allemandes qui n’existaient pas dans le pays, on accepta en nantissement la rente 3 pour 100, les actions et les obligations des grandes compagnies de chemins de fer français, en fixant le maximum de l’avance à 60 pour 100 de la valeur nominale : cette facilité ne devait rester en vigueur que pendant un an ; plus tard, on éleva le maximum de l’avance pour les actions du Nord, du Paris-Lyon et de l’Orléans.

Les affaires de comptes courans étaient bien plus restreintes à la Banque de Prusse qu’à la Banque de France. La première s’empressa donc d’offrir à ses cliens d’Alsace-Lorraine les avantages dont ils avaient joui antérieurement.

Le paiement de l’indemnité de guerre par la France à l’Allemagne a amené, comme l’on sait, des fluctuations dans le cours du change ; le papier sur Berlin fut recherché et renchérit, aussi bien que les thalers, tandis que le cours du Paris et celui des pièces de 20 francs eut tendance à baisser. Les pièces de 20 francs s’étaient maintenues à un niveau élevé pendant la guerre ; mais le 12 septembre 1871, on cota le Napoléon 5 thalers 8 gros, et le