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Les huit premiers sont des navires en bois, sans aucun cloisonnement intérieur, ayant fait pour la plupart la rude campagne de Formose et dont la vitesse est tombée d’environ 1 nœud au-dessous des résultats des essais. Ils ont encore une valeur militaire incontestable à cause de l’artillerie qu’ils portent, mais ils ne sauraient plus figurer comme éclaireurs dans une escadre cuirassée dont le service d’éclairage demande des vitesses supérieures à 16 nœuds.

Les sept derniers, non compris le Davout, qui est encore en essais, ont réalisé de belles vitesses par calme ; mais leur faible tonnage ne leur permet pas de les soutenir contre une brise et une mer même modérées. Ces bâtimens sont tous, à proprement parler, des croiseurs-torpilleurs ; ils ont été construits à une époque où la torpille était en grande faveur. Partant de ce principe que le moindre petit navire armé de tubes lance-torpilles pouvait couler le plus puissant colosse bardé d’acier, — en lui envoyant à 400 mètres une torpille Whitehead qui ouvrirait un trou béant au-dessous de sa flottaison, — on avait cherché à donner la plus grande vitesse possible à des bâtimens dont on réduisait les dimensions le plus qu’on pouvait.

On avait un peu perdu de vue que les grandes vitesses ne sont réellement permises qu’aux grands navires. On peut, par calme, faire filer 20 nœuds et plus à une frêle et fine coque d’une centaine de tonneaux, mais la vitesse n’est pas seulement une fonction du nombre de tours de l’hélice ; elle dépend aussi de la masse à laquelle cette vitesse est imprimée ; plus cette masse est considérable, mieux elle conserve la vitesse acquise et mieux, par conséquent, le