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fixaient les conditions d’après lesquelles les arbitres des manœuvres devaient proclamer l’issue de tout engagement entre les bâtimens des deux escadres. Les cuirassés avaient la latitude de donner les 85/100e et les croiseurs les 90/100e de leur nombre de tours maximum ; les torpilleurs avaient la faculté de développer toute leur vitesse.

Voici, pour les lecteurs qui ne craindraient pas d’ouvrir une carte de la Méditerranée et de s’initier aux mouvemens de deux flottes, un résumé succinct des opérations des escadres A et B.

L’escadre B a établi sa croisière dans la soirée du 8 juillet de la façon suivante :

Les cuirassés en ligne de file, parcourant entre les phares de Fomento et de Lloblégat une ligne S. 31 E.-N. 31 O. arrêtée à 30 milles des côtes d’Espagne et de Majorque ; en tête et en queue de l’escadre, les 3e et 4e divisions légères (3e division légère : Faucon, Dague ; 4e division légère : Dupetit-Thouars, Torpilleur 151, Balny), la 3e dans le S.-O., la 4e dans le N.-O.

A 15 milles dans l’ouest des cuirassés : la 1re division légère (Tage, Forbin) croisant sur une ligne parallèle à celle de l’escadre et s’étendant de la côte de Majorque jusqu’à 25 milles au large ; la 2e division légère (Sfax, Couleuvrine) croisant sur une ligne parallèle à celle de l’escadre et s’étendant de la côte d’Espagne jusqu’à 25 milles au large.

Les bâtimens de l’escadre B ont très bien tenu leurs postes, malgré que la nuit fût noire, le temps orageux et à grains, circonstances très défavorables à leur mission ; ils avaient de plus les feux masqués.

L’escadre A a fait route en ligne de file en contournant la partie occidentale de Majorque et, à onze heures du soir, elle doublait Dragonera pour longer la côte nord de Majorque à petite distance ; la 1re division légère (Cécille, Lalande) et la Dragonne avaient été préalablement envoyées en avant pour éclairer l’entrée du passage des Baléares et s’assurer que l’escadre B n’y avait pas de bâtimens en observation.

A 2 heures du matin le 9, tandis que le Doudart-de-Lagrée et deux autres torpilleurs brûlaient un feu de bengale pour indiquer qu’ils fatiguaient, et obligeaient l’escadre A à diminuer de vitesse, le Forbin et le Tage avaient connaissance de l’escadre A. Le Tage laissait le Forbin en surveillance et allait avertir l’amiral Puech à 4 heures du matin du passage de l’escadre A.

L’escadre B, qui se trouvait à l’extrémité sud-est de sa ligne de croisière, mit aussitôt le cap au N. 70 E., de façon à couper la route à l’escadre A si elle se dirigeait vers les côtes de Provence.

La brise était fraîche du nord-est et la mer dure sans être grosse ;