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de 150 lieues, et il était évident que le 1er corps allait se trouver tout seul pour contenir la forte garnison de Cadix, appuyée par une grande flotte, et pour résister à l’armée de secours anglo-espagnole.

Le maréchal Soult, en apprenant le danger que courait le 1er corps, avait reconnu, un peu tard, la nécessité de presser le siège de Badajoz pour revenir au secours du maréchal Victor.

Il était à prévoir que, pouvant se concerter facilement par mer, les généraux ennemis lieraient les opérations de l’armée de secours à des sorties de la place et à des bombardemens, des débarquemens de la flotte, contre nos redoutes et nos batteries.

On pouvait craindre, si le 1er corps était forcé, de voir détruire les ouvrages que nous avions péniblement élevés depuis un an et de laisser tomber aux mains de l’ennemi l’immense matériel de siège que nous avions accumulé devant Cadix. On était donc fort inquiet, au quartier-général de l’armée d’Andalousie, devant Badajoz, de ce qui allait se passer devant Cadix.

L’armée anglo-espagnole, forte d’environ 20,000 hommes, était sortie du camp de San-Roque le 1er mars. Après avoir fait une marche feinte dans la direction de Médina-Sidonia, elle s’était rabattue vers le rivage de la mer, par Conil et la tour de Barossa, où elle comptait donner la main à la garnison de Cadix. Celle-ci avait jeté, le 3 au matin, un pont sur le canal de Santi-Petri, et, le même jour, une avant-garde de la garnison avait déjà franchi ce canal. Mais elle arrivait trop tôt. Elle fut surprise au passage par quelques troupes de notre 3e division (Vilatte), qui la refoulèrent vivement dans l’île de Léon, en lui tuant, noyant ou prenant au moins 500 hommes.

Le 4 mars, le maréchal Victor, apprenant que l’armée de secours était arrivée à Veger et marchait, en suivant la mer, sur Chiclana, se décida à se porter à sa rencontre.

En conséquence, après avoir pourvu à la défense des ouvrages et des batteries élevées devant Cadix, tout en y laissant aussi peu de monde que possible, le duc de Bellune rassembla tout ce qui restait disponible dans le 1er corps d’armée. Notre 2e division était ainsi fort réduite et ne comprenait plus que le 8e et le 54e de ligne et quatre compagnies du 45e.

Nous nous réunîmes près de la ferme de Guéra, en arrière de Médina-Sidonia.


Combat de Barossa sous Chiclana.

Les batailles citées dans l’histoire sont, en général, celles où l’on engage les plus grandes forces ; ce ne sont pas toujours les plus