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par sa sobriété, à l’abri d’un des vices qui contribuent le plus au dérangement des intelligences, l’alcoolisme.

On sait que l’augmentation des maladies cérébrales et l’exacerbation de la nervosité est un des faits qui caractérisent notre époque et notre civilisation. C’est une conséquence de l’intensité fiévreuse de la vie moderne, qui, en multipliant les sensations et les efforts, force les ressorts nerveux et déchire le délicat réseau des fibres cérébrales. En étant le plus nerveux des hommes, le juif s’en montre le plus moderne. Il est, en quelque sorte, par ses maladies, en avance sur ses contemporains ; il les précède dans la voie périlleuse où l’excès de la vie intellectuelle ou passionnelle et l’incessant aiguillon de la concurrence poussent nos sociétés. La bruyante armée des psychopathes et des névropathes fait tant de recrues parmi nous que, sur ce point, les chrétiens ne tarderont pas longtemps à rattraper le juif. Ici encore, il n’y a probablement en jeu aucune influence ethnique. Ce n’est ni à ses origines orientales, ni à sa conformation anatomique, qu’il convient d’attribuer cette prédominance et cette exagération du système nerveux chez le juif ; c’est encore à son genre de vie séculaire et à ses conditions d’existence, à la vie urbaine et sédentaire, au défaut d’exercice physique, à l’affaiblissement du système musculaire, aux émotions et aux soucis des professions exercées par ses pères. Pendant des siècles, il a dû ses moyens d’existence moins à ses bras qu’à sa tête. Aucun être humain n’a dû s’ingéniera ce point pour vivre. Aujourd’hui même, en tels pays, en Russie, par exemple, il ne réussit à soutenir sa misérable existence que par une sorte de miracle de volonté et d’industrie. A côté des maladies nerveuses qui guettent Israël, on peut ranger le diabète, dont Bouchardat avait déjà signalé l’étonnante fréquence chez les juifs[1]. C’est toujours là, comme disent les médecins, une particularité étiologique imputable au régime des israélites, à leur séjour dans les villes, à leur genre d’occupations et de préoccupations[2]. Une des choses qui, en maintes contrées, paraissent distinguer le juif et la juive, c’est la précocité. Peut-on contester la rapidité

  1. Voyez, entre autres, Demange : Diabète (Dictionn. encyclopédique des sciences médicales).
  2. L’arthritisme, avec ses manifestations protéiformes, est encore une affection fort commune chez les juifs. Pour ne rien omettre sciemment, je mentionnerai les faits suivans, qui me sont indiqués par M. le docteur Gustave Lagneau. Les femmes juives ne seraient, presque jamais, atteintes du goitre, si bien que la Société médicale de Metz aurait, en 1880, mis au concours cette question : Pourquoi les femmes juives sont-elles exemptes du goitre ? — MM. Javal et Wecker ont signalé, chez les juifs, un astigmatisme contraire à la règle, le méridien horizontal de la cornée présentant le maximum de courbure. (Wecker : Sur l’astigmatisme dans ses rapports avec la conformation des os du crâne ; Bulletin de la Société d’Anthropologie, 15 juillet 1869, p. 545-547. — Cf. Hovelacqueet Hervé : Précis d’anthropologie, p. 309, 1887.) —Selon M. Hervé, on aurait remarqué la fréquence de la tumeur lacrymale chez los israélites par suite de l’étroitesse du canal nasal. (Bulletin de la Société d’Anthropologie, 20 décembre 1883, p. 915.) Cet astigmatisme sui generis et cette prédisposition à la tumeur lacrymale, en les supposant bien constatés, pourraient seuls être attribués à la conformation anatomique.