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par l’étroitesse de la poitrine. Cela suffirait à les désigner à la phtisie, ces grêles et fluets juifs de l’Est. Le fait, en Russie, est bien connu des conseils de révision. Ils sont obligés, chaque année, de réformer ou d’ajourner un grand nombre de conscrits israélites, pour insuffisance de développement de la poitrine[1]. Chose que j’ai peine à croire, on m’affirme, de Russie, que les règlemens militaires ont abaissé, quant aux juifs, la mesure de la circonférence du thorax nécessaire pour être admis au service. Il répugne d’admettre que, parce qu’il est circoncis, un homme mal conformé ait la force de porter le mousquet.

Ce défaut d’ampleur du thorax, on ne peut guère l’attribuer aux origines de la race et au sang sémitique, — les juifs polonais étant probablement les moins sémites des juifs, — il tient, avant tout, à leurs conditions d’existence, à la vie urbaine, aux professions sédentaires du plus grand nombre, par-dessus tout, à la misère séculaire. C’est pour cela que la débilité de constitution est si fréquente chez les juifs de l’Est, et aussi chez les israélites de l’Occident. La misère physiologique a été la conséquence de la misère économique. La force physique, la vigueur musculaire a diminué, de génération en génération ; le sang s’est appauvri ; la taille s’est rapetissée ; les épaules et la poitrine se sont rétrécies. Beaucoup de juifs des grandes juiveries ont quelque chose d’étiolé, de rabougri. Il y a, chez nombre d’entre eux, une sorte d’abâtardissement et de dégénérescence de la race. Cela m’a souvent frappé en Galicie, en Roumanie, en Russie, en Orient, — dans la Palestine, peut-être, plus qu’ailleurs. Ces anémiques juifs allemands, rentrés, après quelque dix-huit siècles, au pays de leurs robustes aïeux, me faisaient penser à ces fils d’anciennes familles qui, atteints de langueur, reviennent mourir dans le château délabré de leurs pères.

Le juif, en tout pays, est souvent mal bâti, mal venu, mal agencé. Il y a un contraste singulier entre sa vitalité persistante et sa faiblesse corporelle. Sa débilité lui donne parfois l’air peu viril. La machine, chez lui, est frêle ; la charpente d’os et de muscles, peu vigoureuse. Le juif a peu de carrure ; en maintes contrées, il est manifestement impropre aux gros ouvrages. C’est tout le contraire de l’Anglais, de l’Auvergnat, du Piémontais, du Gallego d’Espagne, taillés pour les rudes besognes. Le juif, en outre, est souvent contrefait. Peu de races semblent compter autant de difformes et autant d’infirmes : bossus, aveugles, sourds-muets, idiots de naissance. La raison n’en est pas seulement l’abus des mariages précoces ou des mariages consanguins, mais aussi, et

  1. Voyez l’Empire des tsars et les Russes, t. III ; la Religion, liv. IV, chap. III.