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plus aujourd’hui, dans ce moyen de traitement, la confiance qu’il inspirait autrefois.

La vogue des eaux minérales a cessé, comme celle des stations de la Méditerranée, le jour où les climats de montagnes sont devenus à la mode, où les médecins ont pris l’habitude d’envoyer leurs malades passer l’été et même l’hiver dans l’Engadine, à des attitudes de 1,500 à 4,800 mètres. L’air y est, dit-on, aussi pur qu’il est sec et léger ; la radiation solaire y est intense et l’éclat de la lumière incomparable. Les stations de Davos, de St Moritz, de Salmaden ont été très suivies pendant quelques années ; mais le froid rigoureux qui y règne pendant l’hiver ne convient pas à tous les malades et en a fait succomber un certain nombre. Cela a donné à réfléchir aux médecins. Ils ont pensé qu’il n’était pas nécessaire de monter si haut pour trouver de l’air pur et qu’il suffisait de choisir un site convenable à la campagne.

La pureté de l’air est en effet la condition qu’on prise avant tout, depuis que les recherches bactériologiques ont prouvé que le bacille de la tuberculose la redoute et se plaît dans l’atmosphère confinée des habitations. Ces données expérimentales ont provoqué une évolution nouvelle dans la thérapeutique de la phtisie. Autrefois, on redoutait par-dessus tout les refroidissemens et les courans d’air. On faisait vivre les poitrinaires dans des chambres bien chauffées, garnies de rideaux et de tapis, portes closes et fenêtres bien fermées. Lorsqu’on les envoyait passer l’hiver dans une station méditerranéenne, c’était à la condition de ne les laisser sortir que pendant les plus belles heures de la journée. On les faisait rentrer aussitôt que le soleil déclinait à l’horizon, et les plus favorisés passaient seize ou dix-huit heures sur vingt-quatre dans leur chambre d’hôtel.

Aujourd’hui, ce qu’on redoute plus que le froid humide, plus que les vicissitudes atmosphériques, c’est l’air qui a déjà été respiré, c’est l’atmosphère non renouvelée des chambres de malades dans laquelle on croit voir fourmiller les microbes. Le rêve des médecins qui sont dans le mouvement, c’est de faire vivre les phtisiques en plein air, pendant la nuit comme pendant le jour.

Cet idéal a été réalisé pour la première fois à l’Institut de Falkenstein, situé près de Francfort-sur-le-Mein, à une altitude de 400 mètres, au milieu des bois de hêtres, de chênes et de châtaigniers. Le site n’a pas été heureusement choisi. Le climat froid et humide du Taunus ne convient guère à des poitrinaires, et cependant on y a obtenu des résultats magnifiques, si l’on en croit le médecin qui dirige l’établissement.

Le Sanatorium, exposé au midi, est entouré de halles ouvertes