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en 1884, le nombre des bovidés atteints de tuberculose est de 26 pour 1,000 en Allemagne et de 6 pour 1,000 seulement parmi ceux qu’on amène aux abattoirs de Paris.

Les lapins et les cobayes se tuberculisent également avec une extrême facilité, et cette faculté, jointe à leur petite taille, les rend précieux pour les expériences. Les moutons, les chèvres et les chiens sont beaucoup plus réfractaires. Le cheval a longtemps passé pour jouir de la même immunité ; mais on a reconnu qu’il pouvait être atteint de tuberculose, même en dehors de l’expérimentation. Cette maladie n’est pas la propriété exclusive des mammifères. On l’observe également, et elle est également transmissible chez les gallinacés. On cite nombre d’exemples de poulaillers qui ont été infectés par des phtisiques commis à leur garde. Ces données expérimentales vont nous permettre d’expliquer comment la phtisie peut se transmettre chez l’homme.


II

L’inoculation, n’étant qu’une méthode expérimentale, n’a rien à revoir avec l’espèce humaine ; cependant les médecins, les vétérinaires, les physiologistes, tous ceux qui se livrent à des recherches sur la tuberculose, se blessent souvent dans le cours de leurs travaux et sont exposés à contracter ainsi la maladie. Laënnec paraît avoir été victime de cet accident. La constatation rigoureuse du fait est maintenant impossible ; mais on sait qu’après s’être blessé en faisant l’autopsie d’un phtisique, il a été atteint, au point lésé, d’un tubercule anatomique, et personne n’ignore qu’il est mort poitrinaire. Le professeur Verneuil a rendu compte, à l’Académie de médecine, d’un cas de tuberculose développé chez un de ses élèves à la suite d’une blessure d’amphithéâtre. Depuis cette époque, on en a publié d’autres. Ces faits sont extrêmement rares. Ils suffisent pour prouver que l’homme subit la loi commune ; mais ils constituent une quantité négligeable dans la pratique.

Dans l’espèce humaine, c’est par la voie respiratoire que le bacille pénètre presque toujours dans l’organisme, et c’est sous la forme de poussière, contenant les produits desséchés de l’expectoration. Ces derniers, projetés par les malades sur leurs draps et leurs couvertures, sur les parquets, sur les tapis, s’y dessèchent, forment des croûtes qui se désagrègent et se mêlent aux poussières des appartemens. Celles-ci sont mises en mouvement par les personnes qui passent et surtout par le balayage ; elles se fixent sur les tentures, les rideaux, sur toutes les étoffes dont la mode a surchargé nos appartemens et qui deviennent autant de réceptacles