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dans la politique, et ils s’étonnent qu’un prince qui ne peut pas s’occuper d’affaires sérieuses se laisse entraîner parfois dans des aventures légères ! heureusement le loyalisme britannique a été en d’autre temps soumis à de bien autres épreuves, et il a survécu. Il a peut-être déjà pardonné au prince de Galles, mettant d’accord son rigorisme et son intérêt. Il ne faudrait pas croire cependant que des affaires de ce genre, si elles se renouvelaient trop souvent, soient sans péril, et qu’au temps de démocratie ascendante où nous vivons elles soient bien propres à relever ou à maintenir le prestige des couronnes.

CH. DE MAZADE.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE.




La rente française 3 pour 100 a détaché le 16 courant son coupon trimestriel sur le cours de 95.85, le prix ressortant ainsi à 95.10. Pendant toute la seconde quinzaine du mois, le 3 pour 100 ne s’est plus éloigné de ce niveau que de 10 à 15 centimes en hausse ou en réaction. Le plus haut cours coté a été 95.22, puis des réalisations sont survenues dans la dernière semaine et la rente a fléchi jusqu’à 94.95, mais pour se relever bientôt à 95.12. Les transactions ont été très peu actives, et les cours du comptant ont indiqué un certain ralentissement des achats de la Caisse des Dépôts et Consignations.

Ces achats restent le grand facteur de la situation de notre marché. Depuis le dépôt, sur le bureau de la chambre, du rapport rédigé par M. Aynard au nom de la commission chargée d’examiner les propositions émanant du gouvernement et de l’initiative privée relativement à la réforme des caisses d’épargne, il ne peut plus échapper à personne que les achats effectués par la Caisse des Dépôts et Consignations, pendant ces deux dernières années, ont faussé le marché des fonds français, et, par voie de conséquence, celui de la grande généralité des valeurs.

« Rien ne s’élève et ne s’agrandit impunément, dit ce rapport, et c’est précisément en raison des immenses progrès accomplis par les caisses d’épargne, que les problèmes les plus compliqués se posent à leur égard ; ils sont plus graves en France que partout ailleurs, en raison de la concentration énorme et croissante des capitaux d’épargne entre les mains de l’État, qui les emploie en valeurs de l’État. De ce côté, une double question se présente : l’État est-il en mesure de rembourser les capitaux exigibles à vue qu’on lui confie, et l’emploi qu’il