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n’était pas d’ailleurs isolé, puisque les succursales de la banque avaient déjà, dans d’autres provinces, en Normandie notamment, accueilli du papier agricole, pour des sommes importantes. Sans contester la valeur d’un pareil exemple, il n’est pas besoin de faire observer qu’il ne s’applique qu’à une faible partie de cette branche de l’industrie agricole qui, ayant pour objet la vente du bétail, relève elle-même du commerce autant que de l’agriculture. On cite quelques autres spécimens du crédit agricole dans notre pays, se rapportant à des travaux qui font un moindre usage des capitaux, et par là ils nous intéressent encore davantage, parce qu’ils se rattachent à ce petit crédit dont la constitution nous préoccupe, et qui reste à l’état de desideratum. Il est dans la nature de l’association en vue de produire ou de consommer d’appeler le crédit, et de l’obtenir pour peu qu’elle présente des garanties morales et matérielles. C’est ainsi qu’en Italie les sociétés de secours mutuels ont plus d’une fois fait naître les petites banques également mutuelles, et notamment que, de la société de secours de Bologne faisant de petits prêts à ses membres, une petite banque s’est détachée en prenant ses fondateurs et ses bénéficiaires parmi les membres de cette même société. On ne peut trop admirer, parmi ces banques locales étrangères, l’association appelant l’association plus complète et le crédit : tout se groupe dans cet organisme où, autour d’une banque populaire plus importante, rayonnent de petites succursales dans les villages et dans les bourgs environnans. Les faits rares, et un peu menus, où chez nous l’association suscite le crédit, sont beaucoup moins longs à énumérer. On est réduit à les chercher çà et là. Ainsi, on constate dans une localité du Doubs, à Mamirolles, une fromagerie, où les associés, qui y réunissent le lait, obtiennent des livraisons de tourteaux à des conditions avantageuses et avec des facilités de paiement, sous la seule garantie des fromages restés en cave. Un autre exemple, dont il a été fait quelque bruit, et, selon nous, non sans raison à titre d’indice favorable, c’est ce qui a lieu à Poligny, où l’on peut voir l’adjonction du crédit mutuel à un syndicat agricole fonctionner heureusement depuis plusieurs années. La manière dont a été fondée cette association ne paraîtra pas indigne d’intérêt à ceux qui, tout en voulant que l’on compte avant tout sur l’initiative des populations, admettent pourtant en certains cas le concours des classes plus aisées pour former le premier fonds et pour contribuer de leurs lumières et de leur zèle à une bonne administration. Il y a eu à Poligny un premier apport formé par les membres fondateurs, se contentant d’un intérêt plus modique et renonçant à faire des emprunts pour leur compte. Les membres sociétaires reçoivent 5 pour 100 d’intérêt. Ils souscrivent des actions de 50 francs et doivent en verser au moins le