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ministres d’état, sous peine de nullité. Les ministres sont responsables de l’exercice de leurs fonctions devant les chambres, lesquelles peuvent les questionner, les interpeller et les censurer. En outre, le sénat, sur la proposition de la chambre des députés, peut juger les ministres à raison des crimes de trahison, concussion, détournement des fonds publics, infraction à la Constitution ou violation des lois, et pour avoir compromis gravement la sécurité ou l’honneur de la nation.

Le Chili a une population de 3,200,000 habitans et une superficie égale à une fois et demie celle de la France. Son budget, depuis de longues années, se solde en excédent de recettes, lesquelles atteignent le chiffre de 70 millions de piastres, soit 350 millions de francs. Au commencement de 1889, il y avait au trésor un excèdent s’élevant à 150 millions de francs. La dette de l’Etat, en capital, dépasse à peine le chiffre des recettes annuelles.

Les partis politiques principaux au Chili sont le parti libéral et le parti conservateur. Le parti libéral est au pouvoir depuis quarante ans. La différence capitale de leur credo n’est guère, comme dans presque tous les pays qui n’ont pas la question dynastique, que relative à des points se rattachant à la religion : influence plus ou moins grande du clergé et laïcisation des institutions. Le parti libéral soutient le libre examen, la non-immixtion de l’Eglise dans les affaires politiques, l’enseignement de l’État et le maintien des réformes accomplies sur ces chapitres : abolition des anciens privilèges ecclésiastiques, lois sur les registres de l’état civil, cimetières laïcs communs, etc. Le parti conservateur, au contraire, voudrait voir partout dominer les conseils de la foi religieuse et soutient l’abolition de l’enseignement primaire, secondaire et supérieur de l’État, aussi bien que des autres réformes indiquées. Pour le reste, pour l’organisation politique, judiciaire et locale, par exemple, les programmes des deux partis ont cessé de se différencier, sauf, naturellement, sur quelques points secondaires. Sur 120 députés, 100 appartiennent aux diverses nuances du parti libéral et 20 au parti conservateur. Sur 40 sénateurs, 35 appartiennent au parti libéral et 5 au parti conservateur.


II.

M. J. Manuel Balmaceda fut élu président pour cinq ans, en septembre 1886. Député depuis de longues années, en dernier lieu sénateur et chef du ministère, M. Balmaceda s’était fait remarquer par son esprit réformiste et libéral, par une éloquence assez brillante, quoique superficielle, et par une tactique habile dans l’art de manier les hommes et les partis. Assez connu par ses doctrines