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pour le système le plus antidémocratique, engendrant l’indiscipline des enfans, l’indifférence des parens, attentatoire à la dignité de l’individu : tout service réclamé à la collectivité sociale doit être payé par le requérant. Aucune institution, avec le système payant, n’a le caractère d’une œuvre d’assistance publique. On habitue ainsi les élèves, dès l’enfance, en quelque sorte, à la responsabilité morale individuelle. Les bourses, trop souvent, en France, une monnaie de faveur, ne sont accordées, dans le royaume-uni, qu’à la suite de concours sévères, et sont considérées plutôt comme un honneur que comme un secours. Il n’y a qu’en Irlande où les écoles industrielles soient des écoles d’orphelins.

En Allemagne, le principe du paiement dans les écoles a été adopté. Des sociétés de bienfaisance et des corporations charitables donnent des bourses à des enfans méritans et notoirement pauvres.

En Belgique, le système est mixte ou, pour mieux dire, il y a autant d’écoles gratuites que payantes. Il en est qui exigent une contribution de tous leurs élèves. À Charleroi, on rembourse les frais d’école aux élèves qui ont conquis des diplômes en sortant avec succès de leurs examens. En Hollande, presque toutes les écoles sont payantes. À l’Ambatsschool d’Amsterdam, école préparatoire d’apprentissage, chaque élève paie 50 francs par an.

En Danemark, le système de la gratuité et celui des bourses a été repoussé sans exception. Il en est de même en Suède et en Norvège, où, dans les écoles industrielles de province, les contributions sont souvent remboursées par les patrons ou par des sociétés artistiques aux élèves pauvres et méritans. En Suisse, le système de gratuité est en vigueur dans tous les cantons, excepté dans quelques écoles spéciales, comme l’école de dentelles de Saint-Gall et l’école de tissage de Zurich.

Les renseignemens officiels manquent à ce sujet sur l’Autriche-Hongrie et sur l’Italie. En Russie, les écoles d’art industriel supérieures, comme l’École de la Société impériale des arts et l’Ecole du musée Steeglitz, à Pétersbourg, sont payantes. Quant aux écoles industrielles ouvrières, urbaines ou rurales, elles sont généralement gratuites.

Voici à quel prix revient l’enseignement par tête d’élève dans quelques-unes des écoles du continent et d’Angleterre : l’école de tissage de Crefeld, en Allemagne, avec ateliers, laboratoire, etc., 390 francs ; Genève, École d’art et d’industrie, 150 francs ; Arts décoratifs et Académie des beaux-arts de Bruxelles, 222 francs ; Tournay, avec ateliers, 106 francs ; École des arts décoratifs d’Amsterdam, 32 élèves, sans nourriture ni logement, chaque élève,