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et de dentelles de Saint-Gall. En Angleterre, trois seulement qui sont : le collège technique de Bradford, l’école de tissage et de filature de Manchester, l’école du City and Guilds of London institute.

Dans ces institutions, l’instruction générale et artistique tient une grande place. Ainsi, le but de celle de Crefeld est de créer des fabricans, des contremaîtres, des négocians en soieries et des dessinateurs industriels. À cet effet, on y trouve des ateliers de tissage, avec quatre-vingts métiers mécaniques ou à la main accompagnés de tous les accessoires industriels que comportent les opérations de la fabrication des tissus ; plus, des laboratoires de chimie, de teinture, d’apprêt et d’impression sur étoffes, et un riche musée de tissus anciens et modernes. Il suffit de deux années passées dans cette école pour sortir chef d’atelier, contremaître habile, dessinateur expert ou commis voyageur de premier ordre. Une éducation artistique parfaite leur a donné le goût des belles choses, des chefs-d’œuvre et le besoin de créations nouvelles.

Les écoles de Bradford et de Manchester, en Angleterre, n’ont pas le même caractère d’instruction technique et artistique générale. L’enseignement y est moins parfait et moins élevé. On pourrait dire que, de l’école allemande de Crefeld, sortent les officiers d’industrie, et que des écoles anglaises sortent les sous-officiers. Cela tient à ce dogme d’enseignement absolu chez les Anglais : la théorie à l’école, la pratique à l’atelier.

Dans les villes où une seule industrie n’est point assez importante pour justifier la création d’une école spéciale, il a été fondé des écoles collectives, dont les cours de théorie et d’application correspondent aux industries locales. Vienne, Naples, Genève, offrent les meilleurs types de ces institutions.


Dans presque toutes les villes du continent, on trouve des écoles d’art décoratif, ayant pour objet de donner aux jeunes gens une instruction artistique en vue de l’application de l’art à l’industrie. En Angleterre, on n’impose aux écoles d’art d’autre mission que celle de former de très bons dessinateurs, à l’esprit éveillé et à la main habile, laissant au temps et à la pratique du métier le soin de développer leur originalité ou leurs aptitudes.

À l’étranger, en ce moment, — sauf en Angleterre, — il se fait, en faveur des écoles d’art décoratif, une véritable révolution dans l’enseignement. Dans les vieilles académies d’Anvers et de Bruxelles, par exemple, l’évolution est radicale. Pendant la première année, les élèves reçoivent un enseignement du dessin et de la géométrie, commun à toutes les sections. Ce cours est, en