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Chaque élève reçoit une instruction personnelle, intime, variée et rapide, suivant son tempérament et ses goûts. On ne connaît dans cette école ni les punitions, ni les récompenses. La discipline est très sévère, afin que l’élève soit habitué à se conduire en homme sérieux et à considérer le travail comme un devoir social. Se plaçant ensuite à un point de vue qui paraîtra nouveau à des républicains français, la ville de Hambourg a repoussé avec énergie le principe de la gratuité, comme antidémocratique. On estime que la contribution scolaire est un moyen infaillible d’intéresser vivement les élèves à la fréquentation des cours.

Nous verrons plus loin que cette opinion est la même en Angleterre. Nous devons ajouter que l’école de Hambourg a servi de modèle aux écoles municipales de dessin pour ouvriers à Berlin, dans un grand nombre d’autres institutions allemandes, et jusqu’en Russie, en Suède et en Danemark.

La plus typique des institutions belges de cette catégorie, celle où l’instruction industrielle a pris un développement immense, est celle de Charleroi. Les cours de la semaine ont pour objets le français, le commerce, la physique, l’arithmétique, la géométrie, la chimie, le dessin linéaire, de figure et d’ornement et le dessin d’après le plâtre. Les cours du dimanche comprennent : le commerce et la tenue des livres, l’arithmétique, la géométrie, la physique, la chimie, le lever de plans à la surface du sol et dans les mines, les machines à vapeur, l’électricité, la construction et la structure, la sidérurgie ou l’art de travailler le fer, l’exploitation de la houille, les dessins des plans, de mine, linéaire, de figure et d’ornement, le dessin d’après le plâtrage et le moulage.

« Un dimanche d’hiver, dit M. Vachon, j’ai visité cette école industrielle de Charleroi et j’ai été témoin d’un spectacle touchant. Ils étaient là 800 élèves, jeunes et vieux, employés et ouvriers, attentifs à la parole du maître ou absorbés dans leurs études. Indifférens à la rigueur de la température comme aux séductions du cabaret, beaucoup s’étaient levés avec l’aube, avaient fait un voyage à pied, pour venir écouter leurs professeurs. »

À côté de ces écoles industrielles, fonctionnent d’autres établissemens d’instruction pour les apprentis et ouvriers désireux de se perfectionner dans la partie artistique de leur métier. Toutefois, les professeurs ont mission de détourner les jeunes gens d’idées trop ambitieuses, de les maintenir dans la voie pratique de l’application industrielle. Souvent de pauvres hères qui n’étaient que des terrassiers, garçons de peine et de magasin, sont devenus, après trois ou quatre ans d’étude, bons peintres en bâtimens,