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Par eux, les nations qui nous entourent ont recommencé leur éducation artistique et industrielle, et si de nos jours ces nations luttent avec quelque succès contre nous, c’est qu’elles combattent avec nos armes. Le South-Kensington de Londres s’est créé après l’Exposition de 1855 ; le musée national de Munich, le musée pour l’art et l’industrie de Vienne, le musée des arts industriels de Berlin, sont sortis de l’Exposition française de 1867 ; celui de Pesth vient de l’Exposition de Vienne, où la France, malgré des désastres récens, brilla d’un vif éclat. La même exposition a donné naissance, pour les mêmes causes, au musée oriental de Vienne. L’Exposition de 1878 a révolutionné tout le système d’enseignement industriel de l’Italie. Le musée du Trocadéro a provoqué la fondation du musée d’art monumental de Bruxelles, de la section d’architecture du musée d’Edimbourg, de la section de décoration monumentale du musée de Liverpool ; et, pour remonter plus haut encore dans l’histoire contemporaine de l’art, l’architectural Court du South-Kensington a été inspirée par la pétition des artistes français au gouvernement de 1848 pour l’organisation d’un atelier de moulage des chefs-d’œuvre de l’architecture française. En un jour de colère patriotique, Proudhon ne s’est-il pas écrié : « Le génie de la France, qu’en faisons-nous ? C’est nous-mêmes qui le trahissons les premiers ! »

Voilà les résultats de nos expositions ouvertes au monde entier. Qu’importe ! Le génie de la France n’est-il pas continuellement en éveil et en quête de nouvelles merveilles ? Excelsior ! se borne-t-il à dire, au contact de rivalités jalouses.

Quelques mots tout d’abord sur l’historique, en Europe, des écoles préparatoires à l’apprentissage des arts industriels. Valait-il mieux l’apprentissage à l’atelier ou à l’école ? Grave question sur laquelle disputent toujours les pédagogues, les industriels et les économistes sans pouvoir s’entendre. Nous ne nous chargerons pas de les mettre d’accord, et nous nous bornerons à constater qu’il n’y a que Tournai et Amsterdam où l’on trouve des écoles d’apprentissage sagement organisées. Mais elles coûtent fort cher d’entretien, et les résultats ne correspondent pas, à ce qu’il paraît, aux sacrifices que l’on a faits pour elles. En Russie, on ne compte pas moins de 1,200 de ces écoles d’apprentissage avec 20,000 élèves ; malgré ces chiffres relativement élevés, en dépit des droits dont sont frappés les produits étrangers, il faudra bien des années encore avant que l’industrie nationale russe, quels que soient son désir de bien faire, et ses progrès réels, se complète de façon à inquiéter ses voisins. On cite encore, parmi les écoles préparatoires à l’apprentissage les mieux outillées, l’Ambatsschool d’Amsterdam, l’école