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s’exécutent les ordonnances médicales dans lesquelles la gymnastique est prescrite. De même qu’il y a des officines de médicamens qui s’appellent les pharmacies, il y a aussi des « officines de mouvemens » qui s’appellent des Instituts gymnastiques. Et moyennant une rétribution très modeste, chacun est admis dans ces instituts pendant une ou deux heures chaque jour, pour y exécuter la prescription du médecin. Ces instituts sont de deux sortes : les uns emploient des aides ou « gymnastes, » les autres remplacent les aides par des machines.

Il ne sera pas sans intérêt d’introduire successivement le lecteur dans un institut de gymnastique manuelle et dans un institut de gymnastique mécanique, car ces deux sortes d’établissemens présentent une physionomie vraiment originale, et nous n’avons rien qui leur ressemble dans notre pays.

L’institut médical du docteur Wide jouit à Stockholm d’une réputation très grande et très méritée. Nous pouvons le décrire comme le type de ceux où le traitement est appliqué par des gymnastes. Le docteur Wide reçoit chaque jour deux séries de malades : les dames dans la matinée et les hommes dans l’après-midi. Chaque série se compose de cinquante personnes environ, soit une centaine par jour ; pour appliquer le traitement, il ne faut pas moins d’une vingtaine d’aides des deux sexes.

Tout un étage de la maison est consacré à cette clinique gymnastique, dont l’aspect, au moment du traitement, offre au visiteur français un spectacle absolument nouveau. — Le malade, muni de sa feuille d’ordonnance, se met entre les mains du gymnaste qui doit lui faire exécuter successivement les mouvemens, — au nombre de dix ou douze, — prescrits par le médecin. Chaque mouvement exige environ cinq à six minutes, au bout desquelles l’exercice est interrompu pendant un temps à peu près égal pour être repris et continué par temps successifs. Dans les intervalles de repos, le gymnaste va donner ses soins à un autre patient, ou prêter son concours à un collègue, dans le cas très fréquent où l’exécution d’un mouvement nécessite deux et même trois aides. Les personnes qui fréquentent l’institut médical subissent leur traitement en commun, côte à côte. Sachant que le massage joue un très grand rôle dans la médication, l’on pourrait croire cette promiscuité plus choquante qu’elle ne l’est en réalité. Le massage à Stockholm ne se fait pas d’ordinaire à nu comme en France. On masse par-dessus les vêtemens quand il s’agit des bras, des jambes et du dos. On masse même l’abdomen sans découvrir le patient, pourvu qu’il soit débarrassé des vêtemens trop résistans, tels, par exemple, que le corset pour les femmes. Au reste, deux ou trois salons particuliers permettent de traiter à part certains cas spéciaux.