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Nous venons de voir avec quelle sûreté de méthode les Suédois savent doser l’exercice : nous dirons en deux mots comment ils s’y prennent pour le localiser dans la région voulue. La localisation de l’exercice s’obtient au moyen d’attitudes diverses, et de différens modes de fixation du corps pour lesquels des appareils spéciaux sont nécessaires. On sait qu’aucun mouvement naturel ne s’exécute dans une partie du corps même limitée, sans qu’un ou plusieurs groupes de muscles éloignés s’associent indirectement aux muscles directement mis en jeu. L’acte de soulever un poids avec la main ne met pas seulement en action les muscles du bras, mais ceux de l’épaule, des reins et même des cuisses et des jambes. Cette association des divers groupes musculaires peut passer inaperçue quand l’effort est faible, elle devient très apparente quand l’acte exécuté demande une grande dépense de force. Les mouvemens associés ne peuvent dans les actes ordinaires être évités que par une attention minutieuse, ou même quelquefois par une longue accoutumance ; mais il existe, dans la gymnastique suédoise, des procédés pour supprimer les mouvemens associés, ou, comme disent les physiologistes, les synergies. Le plus élémentaire de ces procédés consiste à donner au corps une attitude telle, que le membre dont on veut supprimer le travail soit mis dans l’impossibilité d’agir. Le rôle des appareils de gymnastique médicale est justement de permettre au gymnaste de varier les attitudes du patient et d’immobiliser les parties du corps où il craindrait d’éveiller des synergies.

Une barre plate et large, en bois capitonné, où le patient debout vient appuyer les hanches, des banquettes où il est tantôt étendu, tantôt placé à califourchon ; des fauteuils à dossier mobile qui permettent de faire varier à volonté l’inclinaison du tronc ; quelques barres de trapèze, pour se suspendre par les bras, et enfin l’espalier déjà décrit à propos de la gymnastique pédagogique, tel est l’outillage de la gymnastique médicale manuelle. Il ne faut pas confondre ces appareils très simples avec les machines beaucoup plus compliquées de la gymnastique mécanique dont il nous reste à parler.

Si on a bien compris le rôle que joue, dans la gymnastique médicale, l’aide, ou, comme disent les Suédois, « le gymnaste, » il sera facile de concevoir que cet aide puisse être remplacé par un moteur mécanique. C’est, en effet, ce qui a lieu dans un système de gymnastique inventé par un médecin suédois.

Le docteur Zander a imaginé deux ordres de machines : les unes sont destinées à exercer activement les muscles, les autres, à imprimer des mouvemens variés au corps qui les subit passivement. Ces machines sont généralement assez compliquées, mais le