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n’est parlée que par quatre ou cinq millions d’habitans, ne sont guère tentés d’écrire des ouvrages de longue haleine, qui, s’adressant à un public scientifique très spécial, ne pourraient être lus que par un nombre dérisoire de lecteurs. Et il n’existe pas de doumens bibliographiques suffisans pour qu’on puisse se faire aujourd’hui, par des livres, une idée satisfaisante de la gymnastique médicale suédoise. Les règles du traitement et les observations qui en relatent les effets restent, dans le milieu scientifique de Stockholm, à l’état de tradition orale et d’enseignement quasi-populaire ; pour profiter de tous ces documens, il est absolument nécessaire d’aller les recueillir sur place. Mais les Français ne se déplacent guère, et les voyageurs de notre pays qui visitent la Suède y vont d’ordinaire l’été. Or, l’été est le moment des vacances pour tous les habitans de Stockholm. Aussitôt que finissent les mois d’hiver de ces rudes climats, hommes du monde et hommes de science éprouvent un irrésistible besoin de s’échapper des maisons où le froid les avait emprisonnés et d’aller respirer l’air de la campagne. La plupart des personnes aisées vont habiter les bords du lac Mélar ou les petites îles de la Baltique ; l’Institut central de gymnastique donne congé à ses élèves, et les institutions particulières sont fermées.

C’est ainsi qu’ont pu échapper à notre attention les progrès accomplis en Suède dans le domaine de la gymnastique. Et l’on comprend qu’un séjour de quelques semaines à Stockholm, pendant la saison d’hiver, ait pu nous permettre d’y recueillir un certain nombre de faits intéressans et inédits.


I

Il existe à Stockholm une institution qui mériterait le nom d’Université gymnastique, car c’est d’elle que relève, en Suède, tout ce qui se rapporte à l’enseignement des exercices physiques. Son siège est l’Institut central, où se forment les maîtres du degré supérieur, et où se tiennent les sessions d’examens qui confèrent les différens grades. C’est à l’Institut central que réside le personnel de l’enseignement supérieur ; c’est là que se conservent les traditions de la méthode suédoise, dans une série de cours théoriques et pratiques ; c’est là qu’il faut aller pour étudier l’organisation du système et en observer le fonctionnement.

L’Institut central de gymnastique est un bâtiment d’aspect très peu monumental, qui se distingue à peine des autres maisons « de la rue Hamgatan, où il est situé. Rien n’y a été sacrifié au luxe, et la simplicité de l’installation ne donne pas idée de l’importance de