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Beaux-Arts, principalement dans le cours des vingt dernières années, plusieurs sont venues s’ajouter dont elle n’est appelée à bénéficier que de loin en loin, — soit au même titre que chacune des autres classes de l’Institut et, comme chacune de celles-ci, à la condition de soumettre les décisions isolément prises à l’examen et au vote des cinq Académies réunies, — soit, dans certains cas, sans l’obligation pour elle d’obtenir cette sanction du jugement préalable qu’elle aura rendu. Nous avons eu l’occasion déjà de mentionner le décret par lequel Napoléon III établissait en 1860 un prix biennal de vingt mille francs qu’il chargeait l’Institut d’attribuer « à l’œuvre ou à la découverte la plus propre à honorer le pays qui se sera produite, pendant les dix dernières années, dans l’ordre particulier des travaux que représente chacune des cinq Académies de l’Institut de France. » Le prix annuel de dix mille francs que, en 1873, Mme Jean Reynaud fondait en mémoire de son mari a un caractère et une destination analogues ; sauf cette différence toutefois que le droit de le décerner revient à chacune des cinq Académies « tous les cinq ans » et que c’est aussi dans une période de cinq ans, au lieu de dix, qu’aura dû être produit « le travail jugé le plus méritant » par l’Académie compétente[1]. Enfin, d’autres prix, tels que le prix Maillé-La Tour-Landry et le prix Monbinne, sont alternativement décernés par l’Académie française et par l’Académie des Beaux-Arts, sans compter les prix annuels fondés en faveur de celle-ci par des bienfaiteurs qui, comme M. Bordin et M. Lambert, instituaient en même temps des prix équivalens dans une ou plusieurs autres classes de l’Institut.

La nomenclature des libéralités dont l’Académie des Beaux-Arts a été l’objet jusqu’à ce jour, tant dans la mesure de ses attributions spéciales et de son action propre que pour la part qui lui revient dans la disposition des biens communs à l’Institut tout entier, cette série de fondations diversement importantes se clôt par une donation d’une magnificence incomparable. Il suffira d’en rappeler les termes pour caractériser la grandeur des sentimens qui l’ont inspirée et des intentions qu’elle réalise.

Dans un testament olographe en date du 3 juin 1884, M. le duc d’Aumale s’exprimait ainsi : « Voulant conserver à la France le domaine de Chantilly dans son intégrité, avec ses bois, ses pelouses, ses eaux, ses édifices et ce qu’ils contiennent, trophées, tableaux, livres, archives, objets d’art, tout cet ensemble qui forme comme

  1. Le prix Jean Reynaud, dont l’Académie des Beaux-Arts n’a eu jusqu’à présent à disposer que deux fois, a été décerné par elle, en 1882, à M. Daumet, architecte du château de Chantilly, et, en 1887, à M. Paladilhe, auteur de la partition de l’opéra : Patrie.