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suivies avec le commerce et l’industrie des régions où actuellement Anvers a envoyé ses courtiers ; les chemins de fer, par des combinaisons de tarifs communs et internationaux visant toutes les circonstances du transport. Tarifs de transit, ces combinaisons échapperont, il faut l’espérer, à l’anathème dont sont frappés ceux qu’on persiste à appeler tarifs de pénétration. Ces combinaisons sont d’autant plus réalisables, qu’aujourd’hui les ports de la Seine possèdent, pour communiquer par voie ferrée avec le reste du pays, des itinéraires plus courts que celui qui passe par Paris. Vers Reims, notamment, et par Reims vers toute la région de l’Est, le gain n’est pas inférieur à 50 kilomètres. On peut, par là, faire à Anvers une concurrence efficace.

En ce qui concerne plus spécialement Paris, la navigation fluviale peut, en utilisant complètement les améliorations récentes de la Seine, y amener, là où on voudra, le long de) ses quais, les marchandises à des prix de 3 francs et même au-dessous. On ne voit pas non plus pourquoi la compagnie de l’Ouest et les chemins de Ceinture ne combineraient pas un tarif à prix ferme de 3 fr. 50 à 4 francs les 1,000 kilos, soit 0 fr. 0275 à 0 fr. 03 par tonne-kilomètre, pour des transports par trains complets de Rouen en un point quelconque de la périphérie de la capitale. Par ces deux voies, on pourrait de la sorte, sans rien troubler, sans frais nouveaux, en utilisant seulement les moyens actuels, faire de Paris une très grande place d’entrepôt, un vaste centre d’approvisionnemens dont les ports de la Seine seraient comme les portes d’entrée. Un canal maritime, même dans des conditions très supérieures à celles si critiquables du projet actuel, ne pourrait pas donner mieux.

Que faut-il encore pour donner à ces entrepôts une importance égale à celle souhaitée par les promoteurs de Paris port de mer ? — Il faut faire ce qu’on tarde trop à faire, ce que, de toutes façons, on devrait faire, même dans l’hypothèse où le projet de cette voie maritime se réaliserait. Il faut donner au Havre un accès facile à tout moment de la marée pour les plus grands transatlantiques. Il faut ouvrir la Seine maritime aux navires de 7 mètres à 7m,50 de tirant d’eau. Les ports de la Seine n’y sont pas seuls intéressés : Paris l’y est autant, et avec Paris tout le reste de la France.

Alors Le Havre, merveilleusement placé pour recevoir les paquebots à marche rapide et les grands caboteurs, Rouen, devenu véritablement un grand port, et Paris un immense entrepôt, n’auront plus à redouter la concurrence d’aucune place commerciale.

Un mot encore. On a dit : partout on se préoccupe de creuser ces grands canaux de pénétration (c’est ainsi qu’on les appelle) qui amèneront les navires de haute mer au sein des capitales et des