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auquel ils avaient été soumis jusque-là, — sans compter les résistances sur place opposées par eux à la mise en pratique des nouveaux règlemens, à l’installation, par exemple, du Cours d’histoire de l’art et d’esthétique, dont celui qui passait pour le principal instigateur du mouvement antiacadémique, M. Viollet-le-Duc, avait été chargé[1]. Enfin, les journaux, par des articles de plus en plus vifs dans un sens ou dans l’autre, ayant achevé d’émouvoir l’opinion, la lutte engagée entre la quatrième classe de l’Institut et l’administration des beaux-arts était devenue l’objet d’une curiosité à peu près générale et presque un événement public.

Naturellement, dans la guerre défensive à laquelle l’Académie se trouvait contrainte, le secrétaire perpétuel avait un rôle important à remplir. C’était, pour ainsi dire, celui d’un chef d’état-major à qui revenait le soin, non pas de diriger la campagne suivant ses seules inspirations, mais d’assurer l’exécution des plans arrêtés de concert et, au besoin, de prêcher d’exemple en payant vaillamment de sa personne. Le successeur d’Halévy, mort à Nice l’année précédente (17 mars 1862), M. Beulé, n’était pas homme à s’acquitter incomplètement de ce double devoir. Déjà, et presque au lendemain de son entrée en fonctions, il avait, par d’opportuns rappels à la pratique exacte de certaines parties du règlement, bien justifié l’opinion qu’on avait eue, en le choisissant, de la netteté de son esprit et de la résolution de son caractère. En face des difficultés créées à l’Académie par l’acte du 13 novembre, il se montra prompt à relever le défi les armes à la main et, le combat une fois engagé, très décidé à le poursuivre à toute heure et sur tous les terrains. Aussi, après avoir rédigé les protestations et les autres pièces officielles dans lesquelles il exposait la pensée ou il résumait les délibérations de ses confrères, travaillait-il activement sous son propre nom à instruire le public des antécédens que l’on ne craignait pas de méconnaître et de l’inanité des griefs articulés par les promoteurs du décret. Un mois seulement s’était écoulé depuis le jour où ce décret avait paru, quand

  1. Après avoir vainement essayé, pendant plusieurs semaines, de triompher de ces résistances, M. Viollet-le-Duc crut devoir se démettre de ses fonctions de professeur à l’École, mais sans renoncer pour cela à soutenir publiquement la cause qu’il avait embrassée. C’est ce que prouvent deux brochures publiées par lui dans le cours de l’année 1X64, et intitulées, l’une : Intervention de l’Etat dans l’enseignement des beaux-arts, l’autre : Réponse à M. Vitet, qui, dans un article de la Revue (1er novembre 1864), avait éloquemment signalé les vices ou les dangers des mesures appliquées à l’École des beaux-arts et à l’Académie de France, à Rome.