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de l’Angleterre et de l’Allemagne réunies. Quand, il y a deux siècles, les premiers missionnaires français, venus du Canada, pénétrèrent sur le territoire des Sioux, il comprenait alors ce qui est aujourd’hui le Minnesota, le nord et le sud Dakota, presque tout le Wisconsin, une grande partie de l’Iowa et du Nébraska[1]. La peuplade se composait de seize tribus ; il n’en subsiste plus que sept dont les plus importantes sont : les Brûlés, les Black-feet ou Pieds-Noirs, les Sans-Arcs, les Solitaires. Au sud, les Sioux se heurtaient aux Chippeways, leurs ennemis héréditaires, mais dans l’ouest ils pouvaient s’étendre et ils atteignaient le Haut-Missouri. Leur premier traité avec les États-Unis date de 1837 ; il cédait à la République les terres à l’est du Mississipi. En 1851, par un nouveau traité, les Sioux consentaient à reporter leur frontière en arrière du Minnesota.

Jusque-là leurs rapports avec le gouvernement américain avaient été pacifiques et cordiaux. Ils cessèrent de l’être par le fait de la non-exécution des clauses du traité de 1851 par les agens américains. En 1854, les Sioux, irrités, surprirent et massacrèrent un détachement de troupes des États-Unis ; le général Harney en tira vengeance, et une nouvelle convention fut signée. Elle subsista jusqu’en 1862, où éclata un nouveau soulèvement, occasionné, cette fois, par les empiétemens des colons sur leurs terres. Les Sioux réclamèrent ; une enquête ordonnée n’aboutit pas. Ils prirent alors les armes, ravageant et pillant les fermes des settlers, dont plus d’un millier furent massacrés, les femmes et les enfans faits prisonniers. De nouveau, le général Harney fut envoyé contre eux. Une répression sanglante s’ensuivit ; après la défaite, les exécutions sommaires. Les Sioux, vaincus, se dispersèrent : les uns émigrèrent au Canada, les autres se réfugièrent dans les Black-Hills, leur terre sacrée, alors déserte ; le plus grand nombre fut interné dans les réserves.

Les limites en furent définitivement fixées par le traité de 1868, aux termes duquel le gouvernement des États-Unis concédait aux Sioux, à titre de réserve, toute la partie du Dakota à l’ouest du Missouri et au sud du 46e degré de latitude. L’article 16 de ce traité était ainsi conçu : « Les États-Unis s’engagent, par les présentes, à considérer et à respecter, comme territoire indien, la terre située au nord de la rivière North-Platte et à l’est du Big-Horn ; ils s’engagent à ne permettre l’accès dudit territoire à aucun blanc sans l’assentiment des Indiens, à n’autoriser aucun blanc à s’y établir ou à le traverser. » Mais, en négociant ce traité,

  1. Indian titles to land. Commentaries on American law, vol. III.