Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 103.djvu/819

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moderne avec ses confuses aspirations, que les vieux instincts païens, les concuspiscences de la chair et l’orgueil de la vie, de nouveau débridés par les siècles. L’idolâtrie de la nature, l’idolâtrie de l’homme érigé en Dieu, tel est le nouveau culte auquel semble revenir notre civilisation occidentale ; et cette fausse religion de l’humain substitué au divin, elle répugne peut-être encore plus à la Bible qu’à l’Évangile, au Sinaï qu’au Calvaire. Individuelle ou collective, l’apothéose de la créature est la négation formelle du judaïsme : « Je suis l’Éternel, ton Dieu, a dit Jéhovah, et tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face. »


— Soit, dira quelque antisémite ; le juif n’est ni le seul, ni peut-être le principal agent de la déchristianisation des sociétés contemporaines. Le judaïsme risque de périr, victime lui-même de la guerre faite par les siens au christianisme et à l’idée chrétienne. Mais, quand nous parlons de la judaïsation des sociétés et de la décomposition des nations européennes par le juif, ce que nous avons en vue, ce n’est pas tant le judaïsme comme religion, que le judaïsme comme race ; c’est moins le juif que le sémite. Israël nous apparaît comme une tribu étrangère campée au milieu des peuples modernes, et les menaçant à la fois d’assujettissement moral et d’asservissement matériel. Ce qu’il met en péril, ce n’est pas seulement la religion, c’est la nationalité. Laissons de côté la civilisation chrétienne : le juif agit, comme un dissolvant, sur quelque chose qui nous tient non moins au cœur, sur notre culture nationale, sur notre génie historique, sur notre âme française, slave, allemande. — Derrière le grief religieux, en surgit ainsi un autre, en réalité connexe, le grief national, plus grave peut-être encore, parce que plus général, parce qu’il touche un plus grand nombre d’hommes, et cela, dans ce qu’ont de plus sensible les peuples modernes.


ANATOLE LEROY-BEAULIEU.