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la persistance du conflit entre les gouvernemens de Lisbonne et de Londres.

Les fonds russes ont été portés de 98 à 98 1/2 et 98 3/4, sous la double impression de la publication du rapport du ministre des finances sur le budget de 1891-92 et de la conversion effectuée, ce mois-ci, de l’emprunt 4 1/2 1875. La situation financière de la Russie est, en ce moment, très forte : non-seulement les budgets ne sont plus en déficit, mais chaque année voit se produire un nouveau développement des recettes, et des excédons considérables ont permis d’accélérer, par des remboursemens directs, la diminution du capital de la dette, dont d’habiles conversions réduisaient en même temps la charge. Le montant de l’emprunt 4 1/2 pour 100 1875 était d’environ 370 millions. On a créé, pour le remplacer, un emprunt 4 pour 100 or consolidé des chemins de fer, troisième série, au montant nominal de 320 millions de francs. Ce dernier fonds a été offert au prix de 97.15 pour 100, en échange de leurs titres, aux porteurs de 4 1/2 1875, jusqu’à concurrence de son montant nominal. Cette opération laisse un solde de 4 1/2 non converti de 50 millions environ, solde qui sera remboursé, en mai prochain, sur les fonds disponibles du Trésor russe.

Le projet de loi portant prorogation du privilège de la Banque de France a enfin été présenté au parlement par M. Rouvier le 24 janvier. Le privilège est prorogé pour vingt-trois années, de 1897 à 1920. La Banque renonce à l’intérêt sur son avance permanente de 140 millions au trésor (intérêt qui, par suite de la compensation du montant de cette avance avec le compte courant du trésor, représentait une somme annuelle très minime). Elle consent à payer à l’état une redevance annuelle de 1,700,000 francs jusqu’en 1897 et de 2,500,000 francs de 1897 à 1920. Elle accroîtra le nombre de ses succursales et développera, sur certains points déterminés par le projet de loi, les services qu’elle rend à l’état et au public. La discussion du projet de loi viendra vers le milieu de février.

Les titres des établissemens de crédit ont conservé sans modification sensible les cours de la fin de 1889. Sur le Crédit foncier, la présentation par M. Lévêque, ancien sous-gouverneur, d’un projet de loi portant organisation d’un contrôle rigoureux sur les opérations de l’établissement, a provoqué une réaction de 15 à 20 francs qui ne paraît guère justifiée. Le Crédit foncier, en effet, après avoir augmenté ses réserves conformément aux indications formulées l’an dernier par les inspecteurs des finances, est encore en mesure de répartir un dividende de 63 francs et de porter 700,000 francs à la réserve obligatoire.

Sur l’ensemble des autres valeurs, chemins de fer, entreprises industrielles, les mouvemens de cours, à une ou deux exceptions près (la Dynamite a oscillé entre 550 et 470 fr.), ont été insignifians.


Le directeur-gérant : CH. BULOZ.