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au bain de chlorure de calcium dont nous allons parler tout à l’heure. Revenu à l’état gazeux, le gaz est ramené par un conduit au contact de la solution appauvrie de la chaudière, parvenue dans ce même vase par sa propre pression. La redissolution s’effectue presque immédiatement, et, la solution ammoniacale régénérée retournant à la chaudière, le même cycle se reproduit continuellement.

Voyons maintenant comment on distribue le froid produit. En visitant la salle, comme en ouvrant les casiers du frigorifique, qui, nous le rappelons, ne sont séparés du local de la machine que par une cloison, nous avons remarqué le long des parois des tuyaux métalliques couverts de givre ; tous ces tuyaux font partie d’un vaste système tubulaire dans lequel circule une solution étendue de chlorure de calcium, cette solution ayant été choisie d’abord parce qu’elle est incongelable à la plus basse température produite par l’appareil, ensuite parce qu’elle offre la propriété précieuse d’absorber la vapeur d’eau et de pouvoir être étalée en nappe à l’air libre sans produire d’humidité. On peut se figurer le système tubulaire comme un circuit fermé dont le point de départ serait précisément le bain de chlorure de calcium, dans lequel se trouvent plongés les serpentins du congélateur où se vaporise l’ammoniaque. C’est dans le bain, dont la température est ainsi maintenue entre 20 à 30 degrés au-dessous de zéro, qu’une pompe puise la solution glaciale et l’envoie dans les chambres; c’est dans ce même bain que la solution est ramenée après avoir épuisé son pouvoir frigorifique. Le système représente en définitive un calorifère dont les conditions thermiques seraient exactement renversées, c’est-à-dire fonctionnant de manière à emprunter du calorique au milieu traversé et non pas à lui en fournir.

En fait, le trajet des tubes est assez compliqué : immédiatement au sortir du bain d’origine le liquide glacial pénètre tout d’abord dans les serpentins des quatre alvéoles de l’étage inférieur du grand casier frigorifique ; c’est pour cela que ces alvéoles donnent la température la plus basse dont on puisse disposer à la Morgue. Au sortir de ces cellules, le liquide est détourné de la caisse de bois pour être élevé au sommet de la salle d’exposition sur un double plan incliné qui joue le rôle d’une seconde toiture : il s’écoule de là à l’air libre sur une série de petites rigoles en formant une nappe très mince dont le développement en surface permet un large contact avec l’air de la salle. Celle-ci n’ayant pas moins de 7m, 50 de hauteur, il était nécessaire de refroidir son atmosphère par ses couches supérieures, l’air froid gagnant, comme on le sait, la partie inférieure d’un local en chassant