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LES COMMENCEMENS
DU
THEATRE COMIQUE
EN FRANCE

I. L. Petit de Julleville, Répertoire du théâtre comique en France au moyen âge ; Paris, Cerf, 1886. — II. Dr A. Rambeau, Die dem Trouvere Adam de la Halle, zugeschriebenen Dramen ; Marburg, 1880.

Quel fut le théâtre profane du haut moyen âge ? Quelles sont les plus anciennes comédies françaises conservées ? — Trois pièces de la seconde moitié du XIIIe siècle, et c’est tout ; rien avant, rien après. Tout à la fin du XIVe siècle seulement, nous rencontrons deux dialogues d’Eustache Deschamps, « pièces dont le caractère dramatique, dit M. Petit de Julleville, n’est pas même tout à fait certain. » Faut-il donc croire que le moyen âge n’ait connu qu’à ses derniers jours une scène profane ? Il y a là un problème curieux. Eh quoi ! Nous savons quel fut, dès les premiers siècles de l’Église, le puissant développement du théâtre religieux : nous le voyons naître au pied de l’autel -, tout théocratique et liturgique encore, dédié, comme le peuple de statues des vieilles églises, à la « sainte plèbe de Dieu[1] ; » ce sont les vierges folles et les vierges sages qui attendent le passage de l’Époux ; c’est l’officiant

  1. Sanctae plebi Dei, comme le porte une mosaïque de Sainte-Maric-Majeure, bâtie en 433. (Didron, Iconographie chrétienne, p. 3.)