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LES
ANGLAIS EN FRANCE
PENDANT LA REVOLUTION
D'APRES UN LIVRE ANGLAIS

Il y avait beaucoup d’Anglais en France au commencement de la révolution. Les uns y voyageaient pour leur plaisir ou pour apprendre le français, d’autres s’y étaient établis pour leurs affaires ; quelques-uns étaient des soldats de fortune, qui avaient pris du service. Plus d’un débiteur insolvable avait mis la Manche entre ses créanciers et lui, et des pamphlétaires en délicatesse avec le gouvernement britannique avaient fui le pilori. La France servait aussi de terre de refuge à vingt-huit communautés catholiques anglaises, possédant près de 15,000 livres sterling de revenu. Après la prise de la Bastille, nombre de curieux accoururent, de Londres à Paris. Un nouveau volcan avait surgi subitement ; nuit et jour, il vomissait, des coulées de lave ardente, des tourbillons de fumée et de flamme. On arrivait de toutes parts pour contempler ce spectacle extraordinaire, unique dans l’histoire de l’Europe.

Après le 10 août, lorsque l’ambassade anglaise eut été rappelée, beaucoup de ces curieux, à qui la terre semblait trop chaude pour leurs pieds, partirent aussi ; mais beaucoup restèrent, même pendant la terreur. Les couvens anglais avaient été changés en prisons politiques. Les religieuses essuyèrent de cruels affronts et de mortels ennuis ; elles se résignèrent à tout, elles refusèrent à l’unanimité de rentrer dans le monde. Cependant, à la suite de l’invasion de la Belgique et de l’exécution de Louis XVI, Pitt nous avait déclaré la guerre, et Toulon fut