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LES
SALONS DE 1890

I.
LA PEINTURE AUX CHAMPS-ELYSÉES.

C’est dit, c’est fait : nous avons deux Salons ! L’union des artistes français qui, depuis dix ans, étonnait le monde et ravissait leurs amis, n’a pas survécu à l’Exposition universelle. A la suite de cette lutte glorieuse qui laissait, après elle, comme tous les combats, une surexcitation inaccoutumée dans les vanités et d’innombrables blessures dans les amours-propres, la discorde a éclaté. Un dissentiment, dans le Comité directeur de la Société des artistes, au sujet des récompenses accordées et de leur valeur dans l’avenir, semble en avoir été le motif et n’en a peut-être été que l’occasion. Quoi qu’il en soit, malgré tous les efforts de conciliation, faits au dedans ou venus du dehors, l’ancien président du jury des récompenses de l’Exposition universelle, M. Meissonier, s’est retiré de la Société des artistes français, non sans éclat ; il entraînait avec lui une centaine d’artistes, la plupart sortis, comme lui-même, du palais international des beaux-arts, avec tous les