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Trésor, la société est dégagée de toute responsabilité. Si une banque vient à refuser le remboursement de ses billets ou tombe en faillite (le cas est rare, mais il se produit pourtant quelquefois), le Comptroller of the currency déclare acquises au trésor les obligations déposées par cette banque et se charge lui-même de rembourser les billets. Ce n’est pas là une faible garantie puisque aujourd’hui les seuls bonds pouvant servir de gage à la circulation sont cotés avec une prime de 25 pour 100.

En 1866, cette circulation fiduciaire s’élevait à 290 millions dollars (1,450 millions de francs) garantis par 330 millions de valeurs fédérales. En 1870, le montant maximum de la circulation des billets des banques nationales fut porté à 354 millions et en 1875 toute limitation fut supprimée. Le total atteignit pendant une très courte période le chiffre de 450 millions, mais il n’a cessé ensuite de décliner, non pas seulement à cause de l’importance de plus en plus grande des compensations de comptes par les clearing-houses, qui font que l’on a moins besoin d’une circulation très étendue, mais par suite de la difficulté qu’éprouvent aujourd’hui les banques de consigner des titres de rente fédérale en garantie de leur circulation.

La rapidité de l’amortissement de la dette américaine est telle que les banques ont vu successivement appelées au remboursement leurs valeurs déposées en garantie. Il leur fallait alors ou bien les remplacer par d’autres bonds qu’elles ne pouvaient acquérir que bien au-dessus du pair, ou restreindre leurs émissions de billets. Elles ont pris en général ce dernier parti. De là un resserrement de plus en plus marqué, depuis 1882, de la circulation des banques nationales. A la fin de 1885, celle-ci n’était plus que de 275 millions dollars. L’année suivante elle tombait au-dessous de 200 millions, et en 1887 à 150 millions. Elle ne dépasse guère aujourd’hui 100 millions dollars (500 millions de francs), non compris la masse de billets des diverses banques qui continuent à circuler, mais dont la contre-valeur exacte en espèces métalliques ou en greenbacks, ce qui est la même chose, existe au trésor. Le groupe si puissant des banques associées de New-York ne figure plus dans la circulation des banques nationales que pour quelques millions de dollars.

Qu’est-ce que le billet que nous venons de décrire, billet exclusivement fabriqué par le trésor fédéral, et portant son sceau et sa signature, garanti par un dépôt de titres d’une valeur réelle bien supérieure, sinon l’équivalent de notre billet de banque, unique lui aussi, portant des signatures connues du monde entier, accepté partout comme la monnaie d’or du plus pur aloi ?

Dans ce système américain nous ne voyons vraiment rien qui