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qui jamais n’est refusée. Une exception est faite pour les galignaniens auxquels leurs infirmités ne permettraient pas de sortir seuls, sans péril pour eux-mêmes. Si un pensionnaire a l’intention de découcher, il doit en avertir la direction en ayant soin d’indiquer le nom et l’adresse d’une personne qui, au besoin, pourrait donner de ses nouvelles en cas d’accident ou de maladie subite. Parmi les pensionnaires, il en est qui ont des amis ou des parens habitant la campagne et par lesquels ils peuvent être invités à aller en villégiature ; il suffit de demander un congé pour l’obtenir, mais ce congé ne doit pas dépasser une durée de trois mois ; quant aux visites, elles sont autorisées tous les jours d’une heure à cinq heures.

Certes, ce règlement est large et va au-devant de toutes les exigences, mais on l’a rendu plus libéral encore et on l’applique avec une élasticité qui est l’inverse de la rigueur. Aux heures réglementaires, on ajoute les quarts d’heure de grâce, au pluriel, et toute latitude est laissée aux visiteurs et aux pensionnaires sortis. L’économe, chargé de la direction, veille à la bonne tenue de la maison, il pourvoit, dans la mesure du budget qui lui est alloué, aux besoins et à la satisfaction des pensionnaires, il réprimerait tout désordre, s’il s’en produisait ; mais comme il ne s’en produit jamais, il ne s’occupe point de savoir si les visites, si les promenades sont plus ou moins prolongées. C’est de l’administration intelligente et courtoise. Il a, je crois, porté l’épaulette et il a compris qu’une maison de retraite ouverte à des personnes qui ont fait quelque figure dans le monde n’a rien de commun avec une caserne. Le cas est rare, digne d’éloges, et c’est pourquoi je l’ai signalé.

L’article 20 du règlement dit que « les pensionnaires doivent tenir leur chambre avec la plus grande propreté. » Pour plusieurs octogénaires, fatigués, la tâche de faire le lit, de balayer le parquet, de secouer le tapis, d’épousseter les meubles, serait au-dessus de leurs forces. Dans cette bonne maison où l’on n’est point condamné aux travaux forcés, on a commisération de la débilité et même de la paresse ; les rues voisines de Neuilly et de Levallois-Perret ne manquent pas de femmes de ménage qui viennent le matin allumer le feu des pensionnaires, au besoin les aider à s’habiller, et, en deux tours de main, mettre leur chambre en bon état. C’est aux intéressés à débattre le gage mensuel ; la direction ne s’en mêle jamais. Elle trouve légitime que des personnes, payant une pension de 500 francs, aient le droit de se faire servir et de s’épargner une corvée qui, probablement, ne leur était point familière autrefois. Permettrait-on aux pensionnaires de Galignani d’avoir un domestique personnellement attaché à leur service, comme l’on en