Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 99.djvu/416

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur divers points de la France de grands foyers d’étude et de vie intellectuelle, où les lettres et les sciences, dans toute leur variété et leur richesse, offrent à leurs adeptes de solides leçons, les instrumens du travail, d’honorables carrières, les satisfactions de l’amour-propre, les plaisirs d’une société cultivée ; à coup sûr les maîtres éminens et les jeunes gens distingués se fixeront volontiers là où ils trouveront réunis et à leur portée de tels avantages ; ils y attireront et y formeront peu à peu un public animé des mêmes goûts, sensible aux mêmes plaisirs ; et Paris, sans cesser d’être, parmi nous, le théâtre de l’activité littéraire et savante, cessera d’être le gouffre où viennent s’engloutir tant d’esprits capables d’une vie plus utile et dignes d’un meilleur sort. »

« Mais pour répondre à leur destination, de tels établissemens veulent être complets et un peu éclatans ; si la parcimonie scientifique ou économique s’en mêle, elle les tuera au moment même de leur naissance. Il faut que dans les nouvelles Universités et dans leurs diverses Facultés, Lettres, Sciences, Droit, Médecine, Théologie (si l’Église s’y prête), le nombre et l’objet des chaires soient en harmonie avec l’état actuel des connaissances humaines et que la condition des professeurs y soit assurée, commode, digne. » (Guizot, Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps.)

« Conformément à tout ce que j’avais dit et répété dans mes ouvrages, je me proposais de substituer peu à peu aux Facultés isolées, éparpillées et languissantes sur une multitude de points, un système de grands centres scientifiques où toutes les Facultés fussent réunies, selon la pratique du monde entier. Oui, je ne le cache pas, si j’admire profondément l’unité de la France, je ne crois pas que cette précieuse unité fût en péril parce qu’il y aurait de la vie ailleurs qu’à Paris… Je suis convaincu qu’il est possible d’établir dans un certain nombre de villes des foyers de lumières, qui, en projetant leurs rayons autour d’eux, éclaireraient et vivifieraient de grandes provinces, au profit de la civilisation de la France entière. (V. Cousin, l’Instruction publique en France sous le Gouvernement de juillet. )

« L’intention du gouvernement est de créer sur quelques points de la France un certain nombre de grands centres d’instruction supérieure qui puissent devenir des foyers de lumières pour les provinces où ils seront placés. Des Facultés isolées peuvent avoir leur avantage ; mais la plus grande force de ces établissemens se tire de leur réunion. Une Faculté de droit ne peut guère se passer du voisinage d’une Faculté des lettres, et une Faculté des sciences est à la fois le fondement et le couronnement d’une Faculté de médecine. C’est ainsi que toutes les connaissances humaines se lient et se soutiennent l’une l’autre et communiquent à ceux qui les cultivent