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chez le roi pour savoir ce qu’il voulait me dire à ce sujet, parce qu’avant les promesses je ne le verrais pas et qu’après ce serait trop tard de reculer. Il me fit répondre de bouche, qu’il m’en parlerait. Nullement contente de cette réponse, pour raccourcir, je dictai au comte Marcot[1] le numéro 2, afin que, si le roi signait ce projet d’assurance, je pusse faire le soir les promesses. »


N° 2. — Je promets solennellement de laisser à Son Altesse impériale Mme la grande-duchesse Alexandrine Paulowna, ma future épouse et reine de Suède, liberté entière de conscience et d’exercice de la religion dans laquelle elle est née et élevée, et je prie Votre Majesté impériale de regarder cette promesse comme l’acte le plus obligatoire que j’aie pu passer.


« Il était sept heures lorsque ce projet partit. A neuf heures, le comte Marcof revint avec le n° 3, écrit de la main du roi et signé, où, au lieu des termes très clairs et nets que j’avais proposés, je n’en trouvais que de vagues et obscurs. Alors je fis dire que j’étais tombée malade. »


N° 3. — Ayant déjà donné ma parole d’honneur à Sa Majesté impériale que Mme la grande-duchesse Alexandrine ne sera jamais gênée dans sa conscience en ce qui regarde la religion et Sa Majesté m’en ayant paru contente, je suis assuré qu’elle ne doute nullement que je connais assez les lois sacrées que cet engagement m’impose pour que tout autre écrit ne soit entièrement superflu.

(Signé) GUSTAVE-ADOLPHE.


Ce 11/22 septembre 1706.

« Le reste du temps qu’ils ont été ici s’est passé en allées et venues. Le régent a signé et ratifié le traité tel qu’il devait être. Le roi doit le ratifier en deux mois après sa majorité. Il a envoyé consulter son consistoire. »

Après avoir pris copie de ces autographes impériaux et royaux, la comtesse *** ajoute, pour terminer ce récit, quelques pages qui font deviner que Catherine, malgré la signature et la ratification du régent, duc de Sudermanie, ne se faisait pas la moindre illusion. L’affaire était manquée.

  1. Alors directeur au département des affaires étrangères, accrédité plus tard par Alexandre Ier comme ambassadeur près du premier consul.