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paiement des cotisations hebdomadaires au moyen de marques collées sur une carte-quittance. Il suffit, pour toucher les pensions, de présenter au bureau de poste du ressort où l’assuré pensionné a son domicile, le mandat délivré par l’office d’assurance. Le bureau de poste fait le paiement au porteur sur la présentation d’un certificat de légitimité, Berechtigungsausweis. En cas de changement de domicile, l’ayant-droit obtient, sur sa demande, du bureau qui a fixé la rente, une autorisation pour toucher sa pension dans le ressort de sa nouvelle résidence. Toutes les avances de l’administration des postes se remboursent, suivant le procédé en vigueur pour les syndicats professionnels d’assurance contre les accidens du travail, après un décompte annuel fourni aux offices d’assurance. Jusqu’à présent, le service des rentes par l’administration des postes pour les syndicats professionnels n’a soulevé aucune difficulté. En ce qui concerne le versement des contributions pour les assurés, les marques représentant les primes hebdomadaires, pareilles à des timbres-poste, doivent être collées sur des cartes-quittances au nom des assurés. Émises par les offices d’assurance, ces marques portent l’indication de leur valeur avec une couleur différente pour les diverses classes de salaires. L’office central de l’empire à Berlin détermine leurs signes distinctifs et la durée de leur validité.

Primitivement, le gouvernement avait proposé, au lieu des cartes-quittances annuelles, l’emploi de livrets pour recevoir les marques. La commission du Reichstag, chargée de l’examen du projet de loi, décida de remplacer les livrets par les cartes annuelles, parce que le code industriel allemand interdit les livrets d’ouvriers. Les députés socialistes n’en combattirent pas moins avec violence l’emploi des cartes, qu’ils désignaient comme des livrets déguisés donnant la chronique des déplacemens des ouvriers et permettant aux patrons de suivre ceux-ci dans leurs pérégrinations. Un de ces députés demanda, en place des cartes-quittances, d’ouvrir à l’office d’assurance un compte au nom de chaque assuré. Or, le nombre des offices d’assurance pour toutes les provinces de l’empire allemand ne dépassera pas une trentaine pour environ 12 millions de sujets assurés, ce qui donne en moyenne 400,000 assurés pour chaque office. A raison de livres contenant 500 folios, il faudrait ainsi 800 livres de comptes, tout au moins par office régional, ce qui exigerait un travail énorme. L’ouverture d’un compte particulier à chaque sujet assuré n’était donc pas praticable. On se décida pour la carte-quittance, valable, dans la règle, pour une année, mais renouvelable avant ce terme au gré de l’assuré. Aucune inscription sur les services de l’assuré n’est tolérée sur les cartes ; les patrons ne peuvent y appliquer aucun signe de nature à porter préjudice aux ouvriers titulaires. C’est le gouvernement particu-