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écrivait : « Si vous avez envie de traiter avec ce roi, pressez toujours les mariages, car il n’attend sinon qu’on lui en présente, et quant il faut les peintures ; il a esté averti que M. de Guise a encore une plus belle fille que la seconde, elle est en religion, mais elle n’est pas religieuse ; dites-en quelques mots à M. de Briant. » L’usage des portraits était alors très répandu chez les souverains et chez les grands personnages. M. de Briant n’avait pas manqué d’envoyer « le portrait au vif » de Mlle de Guise, qui, par sa beauté, ses vertus et ses qualités personnelles, par la maison dont elle était issue, semblait digne d’un bon et grand parti, et plusieurs autres ; mais ces portraits ne suffisaient pas à Henri : c’étaient les princesses elles-mêmes qu’il voulait voir. Il demande que, sous la conduite de la reine de Navarre, on veuille bien les envoyer à Calais, où il se rendra pour les voir. Cette proposition paraît étrange au roi de France ; il fait répondre qu’on ne peut envoyer ses cousines de Vendôme, de Lorraine et de Guise pour les lui montrer, qu’on n’en use pas ainsi en France, mais que le roi d’Angleterre peut envoyer un grave personnage pour les voir et lui dire comment elles sont. En même temps, le connétable, car le grand-maître avait obtenu cette haute dignité à l’occasion de la paix, écrit à Castillon : « Assurez le roi d’Angleterre que son beau-frère n’a rien à lui refuser, mais de lui mener par-delà comme il demande, damoiselles à choisir et les faire promener sur la monstre, ce ne sont point hacquenées à vendre, cela ne se peut faire. Il a à son choix madamoiselle de Vendosme et madamoiselle de Guise, qui sont de telle maison que l’on sait, et qui, avec leur beauté qu’il a vue par les portraicts et les rapports qu’on lui a faicts, ont tant de bonne norriture, vertus, mœurs et louables qualités qu’elles méritent, parti de mariage non moins bon que gros et avantageux, et si celles-là ne lui plaisent, il y en a un grand nombre d’autres qui sont aussi d’anciennes et honorables maisons, belles et bien norries. M. Briant lui en pourra envoyer les portraits au vif. »

Bochetel, uni des secrétaires d’état, écrivait aussi de son côté à Castillon : « Le roy s’est très bien mocqué des propos qui vous ont été tenus, disant qu’il semble qu’on veuille par-delà faire des femmes comme de leurs guilledins, qui est, en assembler une bonne quantité et les faire trotter pour prendre celui qui ira le plus aysé, et ne trouve pas bon qu’on mette madame sa fille au rang des aultres. » Castillon ayant rapporté ces réponses au roi d’Angleterre : : « Pardieu ! dit-il, je ne m’en fie à personne qu’à moi, c’est une chose qui touche de trop près ; je les veulx voir et hanter quelque temps avant que de m’y arrêter. — Ne voudriez-vous point, sire, dis-je en riant, les traiter comme : on dit que les chevaliers de