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le domaine de Villebon, qui contenait plus de quatre hectares contigus au bois même dont elle convoitait une parcelle. Des motifs particuliers, tirés de la nature du sol, ne permirent pas de donner suite à ce projet. Sur des indications officieuses, que leur origine rendait en quelque sorte officielles, elle acquit, au prix de 39,000 francs, les forêts de Tellière et de Balaor, dans le département des Basses-Alpes, couvrant une superficie totale de 581 hectares 14 ares 21 centiares et les proposa, en échange du taillis de Meudon, au ministre des finances, qui, sur l’avis favorable du conseil d’administration des Eaux et Forêts, donna son adhésion. Un projet de loi proposé par M. Sadi-Carnot, ministre des finances, présenté à la chambre des députés, le 11 mars 1886, au nom de M. Jules Grévy, approuvé, je crois, par le Conseil d’État, n’a pas encore reçu la solution que l’on attend, et qui me semble ne pouvoir être douteuse.

C’est de la terrasse qui précède les bâtimens scolaires que l’on peut embrasser du regard l’ensemble des fondations Brignole-Galliera créées à Fleury-sous-Meudon. C’est fort imposant ; on se croirait en présence d’un de ces immenses monastères où le moyen âge réunissait la chapelle, l’infirmerie, la maison des hôtes et le couvent. Moyen âge ; je ne m’en dédis pas, car l’architecte a cherché et trouvé dans le style ogival du XIIIe siècle un ordre qui, tout en restant moderne par l’originalité et l’habileté des agencemens, a quelque chose de grave et d’austère sans tristesse, qui semble appeler la méditation et faire naître le recueillement. Malgré la diversité de leurs destinations et de leur distribution, les édifices offrent des traits de ressemblance qui les font de la même famille, tout en leur laissant une individualité propre. Il en résulte une harmonie remarquable, car chaque partie concourt à l’unité de l’ensemble. La lyre d’Amphion est un symbole ; toute œuvre architecturale doit être une symphonie.

Les bâtimens sont nombreux ; ils occupent une étendue superficielle de 9,675 mètres ; comptons-les : l’orphelinat, la maison de retraite des frères de la doctrine chrétienne, la chapelle, le pavillon de l’agent général, le pavillon des aumôniers, le pavillon des employés civils, le pavillon du jardinier chef, le pavillon du concierge, les communs contenant l’écurie, la vacherie et les remises. Le choix seul des matériaux constitue déjà quelque chose d’exceptionnel. Je n’ai que de bien médiocres notions en lithologie, mais partout, jusque dans les corbeaux des murs d’espaliers, j’ai cru reconnaître la pierre de Château-Landon, aussi résistante à l’action du temps et presque aussi dure à travailler que le marbre ; pour en apprécier la beauté, il suffit de regarder l’Arc-de-Triomphe