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Le Pamir est sillonné particulièrement de l’est à l’ouest par un grand nombre de cours d’eau débouchant dans l’Amou-Daria, le célèbre Oxus des anciens, qui vient du lac Sarkul, découvert par Wood et nommé par lui lac Victoria. Ce lac a de 3 à 4 kilomètres de largeur et une altitude de 4,255 mètres ; malgré les sources thermales qu’il reçoit, il est recouvert pendant tout l’hiver d’une épaisse croûte de glace. Ce fut dans cet état que le trouva Wood au mois de février ; le froid fut tellement intense que son thermomètre à mercure ne put l’indiquer. Même au mois de mai, lorsque l’expédition de Forsyth visita le lac, il était encore solidement gelé.

Sous le rapport du relief, le Pamir offre deux types orographiques très distincts, savoir : le Pamir oriental ou petit Pamir, composé de vallées de la nature des steppes, et le Pamir occidental ou grand Pamir, très montueux. Ce qui caractérise le Pamir en général, c’est sa position au-dessus de la zone forestière, la pauvreté de sa végétation et le défaut plus ou moins complet d’habitans. Les chaînes montagneuses qui séparent les hautes vallées paraissent insignifiantes, comparativement au prodigieux renflement de ce grand plateau, et les défilés par lesquels on les franchit sont généralement peu profonds et aisés à traverser. La transition du Pamir à steppes au Pamir montueux est brusque. C’est d’un seul coup que change la physionomie de la contrée. Les chaînes montagneuses qui constituent les limites septentrionales et méridionales du Pamir offrent le développement le plus considérable, ce sont les chaînes du Trans-Altaï et du Hindou-Rouch. La première, qui forme le bord septentrional du Pamir, a, de l’est à l’ouest, une longueur d’environ 250 kilomètres et s’élève dans le pic Kauffmann à plus de 7,000 mètres.

La ligne des neiges perpétuelles offre, sur le Pamir, des oscillations considérables. Dans les montagnes de l’Altaï, la neige perpétuelle commence à 4,200 ou 4,300 mètres sur les versans septentrionaux, et à 4,000 mètres sur les versans méridionaux. Sur les montagnes au sud du Pamir, la limite des neiges perpétuelles s’élève au-delà de 5,000 mètres.

Dans le Pamir, le climat est déterminé par deux facteurs (en dehors d’influences locales) : par sa position au milieu d’un immense continent et par son altitude très considérable. Eu égard aux latitudes sous lesquelles se trouve le Pamir et qui correspondent aux régions méridionales de l’Espagne, le climat est prodigieusement rigoureux.

La zone culturale s’arrête généralement à 1,500 ou 1, 600 mètres au-dessous de la limite des neiges. Dans cette zone, les céréales sont cultivées sur plusieurs points, et çà et là se présentent d’assez