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leur dispose d’un espace de 600 pieds cubiques, au moins. On se met rapidement d’accord sur ces différens points : le comité parlementaire s’entendra avec qui de droit pour l’exécution du projet.

L’élection approche : le président annonce officiellement la retraite de M. Broadhurst ; il est persuadé que le congrès tout entier voudra marquer sa reconnaissance à l’éminent député en lui votant des remercîmens chaleureux. Presque toute la salle est debout, et celui à qui s’adresse cette manifestation paraît confus de l’hommage dont il est l’objet. Il se lève et les applaudissemens partent de tous côtés. Quand il peut parler : « Chers camarades, dit-il, je suis profondément ému de votre bonté. Je vous ai donné ma vie et je ne le regrette pas, malgré les attaques cruelles, méprisables, qu’on a dirigées contre moi quand j’occupais une haute position. On m’a reproché les lacunes de mon éducation, elles n’étaient imputables ni à moi, ni à mes chers parens ; seule, la misère en était la cause. Mais ce sont là des questions personnelles et je ne m’y attarderai pas. Aussi longtemps que je vivrai, je défendrai les droits du travail. Dans toutes les phases de mon existence, que je sois avec le riche ou avec le pauvre, dans un palais ou un cottage, je n’oublierai jamais le peuple dont je suis l’humble représentant… » M. Broadhurst s’arrête, oppressé ; sa voix est altérée, ses yeux s’obscurcissent de larmes… Il reprend : « Vous avez beaucoup fait, ne croyez pas que tout soit fini ; vous avez devant vous un grand avenir, puissiez-vous être guidés par la sagesse et la vérité ! Ah ! je comprends votre ardeur et votre zèle ! Est-il un de nous qui puisse jeter les yeux sur nos grandes villes, contempler le dénûment, le vice et la dégradation qui y règnent, sans être remué jusqu’au fond de l’âme ?… Je vous quitte avec douleur, j’aurais voulu pouvoir rester. Puisse l’Être suprême qui nous aime tous, qui n’a pas de préférence, demeurer avec vous dans votre grande entreprise ; puisse-t-il vous inspirer de telle sorte que le résultat de vos efforts soit une bénédiction pour les classes ouvrières du monde entier ! » Il a fini au milieu de l’émotion générale ; son éloquence simple et touchante a attendri tous les cœurs. Cent mains calleuses se tendent vers l’ancien sous-secrétaire d’état, on l’entoure, on le félicite, c’est à qui s’approchera de lui, à qui lui témoignera le plus de respect et d’estime. On procède, au bruit des conversations, à la nomination de son successeur ; pendant le vote, on adopte une résolution tendant à améliorer l’aménagement intérieur des bâtimens qui transportent le bétail et un vœu relatif au développement de l’enseignement technique.

Trois candidats étaient en présence pour recueillir la succession de M. Broadhurst, MM. Fenwick, Shipton et Threlfall. Nous avons