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mens qu’elle avait pris, en 1889, à Dundee. Elle ne s’est entourée d’aucun de ceux qui pouvaient la guider pour la préparation du projet de loi sur les huit heures. Par son inaction, elle a retardé, presque compromis le succès. Le comité a-t-il donc prétendu s’ériger en maître ? Le tumulte augmente et la confusion est à son comble ; vingt délégués demandent la parole, et la sonnette du président retentit désespérément dans l’espace. Mais voici M. Burns ; il élargit l’accusation, il reproche au comité d’avoir entravé de tout son pouvoir la constitution du corps des travailleurs sans spécialité, d’avoir souffert que ces derniers devinssent les victimes des ruraux. Il crie, sans qu’on sache à qui il s’adresse, contre les misérables qui, pour forcer la porte du parlement, ne craignent pas de déshonorer le nom d’ouvrier. Si la commission avait agi résolument, la grève des gaziers de Manchester et de Londres n’aurait pas piteusement échoué. M. Broadhurst lui répond : il n’entrera pas dans le détail des faits qui sont reprochés, il se bornera à protester de sa sincérité : « Critiquez-nous, s’écrie-t-il en se tournant vers ses adversaires, ne nous accusez pas de malhonnêteté. Vous allez bientôt nous donner des successeurs, vous êtes libres de nommer qui vous voudrez et de retirer à des mains qu’il vous plaît de qualifier d’impuissantes, les affaires des trades-unions. » Au vote, la motion de blâme présentée par M. Woods est rejetée par 258 voix contre 92 et 100 abstentions. Ce résultat est salué par les applaudissemens de la majorité.

La fraction modérée du congrès devait avoir une nouvelle occasion de se compter. Dépités de leur échec, consciens de la faute commise et de la maladresse avec laquelle ils avaient porté le débat sur une pure question de personne, les radicaux allaient essayer de prendre une revanche dans cette même séance du 2 septembre. M. Mac-Donald propose d’ajouter au rapport une résolution spécifiant qu’à l’avenir aucun candidat ouvrier au parlement ne recevrait l’appui des unions, s’il ne se déclarait partisan de la nationalisation de la terre, des mines, de la flotte et des chemins de fer. L’auteur de la proposition déclare, d’ailleurs, qu’étant socialiste, on ne doit pas être surpris qu’il se réclame de principes socialistes. C’était engager la bataille sur le terrain choisi par le président du congrès lui-même. Une bordée de vociférations et de cris accueille les paroles de l’orateur. Toujours sur la brèche, M. Burns se porte vivement au secours de son collègue, mais son intervention n’est pas heureuse ; il ne réussit qu’à envenimer la situation en laissant entendre que les députés ouvriers ne sont que les instrumens dociles des libéraux de la chambre et qu’il est temps d’arracher le travail à la « boue politique où il croupit. » MM. Wilson et Fenwick, tous deux membres des communes, re-