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donna pas moins sa démission, emportant dans la retraite, avec les profonds regrets de ses amis, l’estime et le respect de ses adversaires.

M. Broadhurst n’est pas le seul député qui ait occupé aux associations ouvrières une situation prépondérante ; d’autres hommes, d’une origine aussi humble que la sienne, sont arrivés comme lui à prendre une place importante dans le monde des travailleurs, et on nous saura peut-être gré de rappeler ici leurs noms et leurs services. Certains d’entre eux sont connus en Europe : M. Thomas Burt, représentant de Morpeth, est de ce nombre. Il a assisté à des réunions publiques en France et a eu l’occasion de faire entendre aux ouvriers parisiens un langage nouveau pour eux. Il a passé sa vie dans les mines du Northumberland, a pris part aux grèves formidables qui y éclatent périodiquement, pour y remplir presque toujours le rôle de conciliateur et d’arbitre. M. Burt est l’ennemi des guerres, l’apôtre de la sobriété et de la tempérance. S’il ne partage nullement les idées du nouvel unionisme, il n’en est pas moins un partisan décidé de la journée de huit heures en ce qui concerne le travail dans les mines. Il est, à cet égard, en complet accord avec son collègue, M. Charles Jenwich, mineur comme lui, élu comme lui par les districts charbonniers du Nord. Encore un homme intelligent et habile qui a quitté, pour un siège aux communes, le puits où il effectuait, à neuf ans, sa première descente. Dévoué corps et âme à ses camarades, M. Jenwich a accepté de faire partie d’un tribunal d’arbitrage mixte qui fonctionne dans les régions minières, au grand avantage des parties intéressées. Plein d’ardeur et d’initiative, il organise des conférences professionnelles, préside même à des meetings religieux où il développe avec un talent toujours croissant les doctrines de l’Église populaire (low church). Figures originales dont la silhouette méritait d’être esquissée ! N’oublions pas M. John Wilson, représentant du Durham depuis quelques mois à peine, et dont le début à la chambre, au mois de juillet dernier, a été remarqué. Il demandait que les emplois d’inspecteur-adjoint des fosses fussent réservés aux ouvriers, auxquels on rendrait aussi abordable que possible le programme des examens. Signalons aussi à l’attention du lecteur le type très personnel d’un barde du Glamorganshire, le mineur William Abraham, député de Rhondda ; on s’écrase aux réunions qu’il convoque pour l’entendre, à la fin de quelque harangue passionnée, entonner de sa belle voix de ténor les vieux refrains du pays de Galles. Il faudrait en citer bien d’autres : ne mentionnons cependant que ceux qu’une élection législative a mis tout particulièrement en lumière. À ce titre, nous nous reproche-