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ment le siège de conférences préliminaires ; cette dernière cité devait avoir le privilège de donner asile au premier congrès. Mais, avant tout, une besogne s’imposait ; il était nécessaire de déterminer la nature, la constitution et le caractère des réunions. On décida qu’elles seraient annuelles, que la session durerait six jours, du lundi au samedi inclusivement ; à la clôture des travaux, un vote désignerait la ville où se transporterait la prochaine assemblée. Élus et défrayés de tout par leurs propres sociétés, les envoyés seraient munis de lettres de créance dûment signées et enregistrées ; chacun d’eux contribuerait aux frais généraux pour une somme de dix schellings. En même temps, on arrêtait la création d’un comité parlementaire, sorte de commission permanente dont les membres, d’ailleurs rééligibles, seraient nommés tous les ans. C’est le pouvoir exécutif des trades-unions ; il a pour mission de faire passer de la théorie à la pratique les résolutions du corps tout entier. Il se compose de dix personnes, et aucun métier ne peut y être représenté par plus d’un des siens. À l’ouverture de la session, il adresse à ses commettans un rapport sur l’œuvre de l’exercice écoulé. D’autre part, on instituait pour les affaires courantes, le règlement et l’ordre du jour, un deuxième comité (standing orders) de moindre importance, chargé de distribuer la tâche quotidienne et de vérifier les pouvoirs des délégués. Une déclaration d’indépendance complétait l’ensemble de ces mesures. L’assemblée repoussait fièrement toute subvention étrangère ; la contribution individuelle dont nous avons parlé plus haut suffisait à couvrir ses dépenses ; quant à la commission exécutive, elle était autorisée à accepter des subsides volontaires de la générosité des associations.

En vingt-trois ans, les congrès qui ont siégé dans les villes de la Grande-Bretagne ont abordé les sujets les plus divers. Ils ont touché à la législation, au commerce, à la question sociale. L’act de 1867 sur les factoreries et manufactures, la loi sur les rapports entre maîtres et domestiques, sur le travail dans les mines (1872), sur l’arbitrage, sur l’abolition de l’emprisonnement pour dettes, sur la réforme foncière, ont été l’objet de débats intéressans. Ils ne sont pas restés indifférens à la promulgation des bills touchant la propriété en Irlande, la responsabilité des patrons, la codification des lois criminelles. Tour à tour, ils ont porté leurs investigations minutieuses sur les conditions du labeur ouvrier : travail à la pièce, heures supplémentaires, paiement hebdomadaire des salaires, fédération des patrons, tribunaux de conciliation, service des petits employés de boutique. Quelquefois, ils n’ont pas craint d’attaquer de front les problèmes les plus difficiles, ceux qui ont trait à la concurrence étrangère, à l’éducation nationale, à l’émigration, au tra-