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LE
MYSTICISME LITTÉRAIRE

SAMUEL TAYLOR COLERIDGE.

I. La Chanson du vieux marin, traduite par A. Barbier et illustrée par Gustave Doré; Hachette, 1877. — II. Coleridge, par H.-D. Traill; Londres, 1884. — III. Samuel Taylor Coleridge und die englische Romantik, par Aloïs Brandi, professeur à l’Université de Prague; Berlin, 1886. — IV. La Renaissance de la poésie anglaise : 1798-1889, par Gabriel Sarrazin, 1 vol. in-12; Paris, 1889.

Qu’est-ce que la poésie? et quelle en est la raison d’être? Est-elle, comme le voulait l’esthétique des anciens, un effort pour ennoblir l’homme, pour tourner son esprit vers un idéal, pour armer sa volonté contre les maux de la vie, pour le consoler des épreuves de la route, ou, simplement, pour lui faire espérer, à défaut de mieux, un lointain et meilleur avenir? Ou faut-il n’y voir, avec certains théoriciens modernes, qu’un exercice inoffensif et parfois bienfaisant de notre faculté de sentir ou d’imaginer, un délassement de travaux plus graves, un « jeu » enfin, sans autre but que lui-même, dont on veut bien proclamer du bout des lèvres la dignité, mais dont on pense, au fond, qu’il deviendra de plus en plus la distraction des oisifs, des découragés ou des impuissans? La poésie est-elle la plus noble manifestation du génie de l’homme, — et l’une des plus fécondes, — ou devons-nous croire