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Le sujet est en réalité connu et banal, mais sa vulgarité est rachetée par la perfection des dessins et l’harmonie de l’ensemble.

C’est sous les plafonds dont j’ai parlé et autour d’une mosaïque presque unique par son importance que sont groupées les richesses du musée Alaoui. Au moment où j’écris ce qui précède, le D’Estrées débarque à Tunis de nombreuses antiquités enlevées à Hadrumète et aux ruines romaines qui l’entourent. Grâce à de nombreuses subventions, au nombre desquelles les contribuables de la capitale de la France seraient fort étonnés de voir figurer la ville de Paris, les musées tunisiens voient chaque jour augmenter leurs dépôts. En 1889, le sanctuaire de Saturne à Thiguica, qui a donné plus de quatre cents stèles votives, et la nécropole de Bulla-Regia, ont été fouillés et heureusement exploités. En ce moment, on espère poursuivre ces intéressans travaux sur une échelle encore plus grande. Ce qui manque aux musées de Carthage et d’Alaoui, ce sont des catalogues. M. de La Blanchère nous fait espérer que celui des collections dont il est chargé paraîtra bientôt. Le cardinal Lavigerie, qui a la haute main sur le second, ne se laissera pas distancer.


XVII. — CONCLUSION.

Je crois avoir dit tout ce qu’il était nécessaire de dire pour faire connaître le pays sur lequel la France étend aujourd’hui sa protection, et je souhaite ardemment que ceux qui ont suivi cette étude aient éprouvé quelque peu de l’intérêt que j’ai ressenti en l’écrivant. La Tunisie ainsi que l’Egypte se rattachent à nos sentimens bien plus que d’autres régions. Elles évoquent des souvenirs qui ne sont pas sans grandeur pour ceux qui gardent religieusement dans leur cœur le culte de nos gloires passées, de nos influences perdues. La Tunisie, puisqu’il ne s’agit que d’elle en ce moment, remet en mémoire l’un de nos rois, — et non l’un des moins purs, — puisqu’il y succomba au début d’une croisade entreprise pour défendre la chrétienté contre les attaques du plus puissant potentat des états barbaresques ; saint Vincent de Paul, le plus charitable, le plus paternel des hommes ; des marins illustres qui, d’Henri IV jusqu’à Louis-Philippe, versèrent leur sang pour écraser dans leurs retraites d’odieux corsaires. Et de nos jours, des troupes françaises ne sont-elles pas allées, avec l’entrain qu’on leur connaît, jusqu’à Kairouan, au-delà même, aux confins du désert, montrer notre drapeau et y tenir en échec des populations renommées par leur fanatisme religieux ?

Voilà, certes, des titres pour ceux qui, en parlant d’un pays, en